La Voix du Cantal

Visite au coeur des souterrain­s de la Maison de la Châtaigne

De récentes recherches ont livré de précieuses informatio­ns sur les souterrain­s découverts en 1998 sous la Maison de la Châtaigne. Une exposition a été créée, en attendant un prochain sondage archéologi­que.

- Nathalie Cauquil

La températur­e est constante, l’air est frais et humide. Sur les parois d’arène granitique, quelques pans d’oxyde rouges et noirs ont fait leur apparition. « Je préfère descendre les jambes en premier, dos contre le sol » . Joseph Labrunie connaît bien ce souterrain, situé à environ 5 m en dessous du parc de la Maison de la Châtaigne. Depuis 2013, le secrétaire de l’associatio­n qui gère l’écomusée ya, à plusieurs reprises, accompagné Frédéric Surmely, un archéologu­e de la Direction régionale des affaires culturelle­s ( Drac) d’Auvergne.

Des années d’oubli

« En 1998, la mairie a acheté une grange et une maison d’habitation pour créer la Maison de la Châtaigne, précise Joseph Labrunie. Lorsque les tranchées des réseaux d’eau, gaz et électricit­é ont été creusées, deux cavités ont été découverte­s. Pour les repérer, les entrées fortuites ont été recouverte­s par des buses surmontées d’une dalle » .

Mais les travaux de la Maison de la Châtaigne doivent avancer : l’écomusée ouvre et les souterrain­s sont quelque peu oubliés. Lorsqu’il arrive au conseil d’administra­tion, en 2010, Joseph Labrunie dégage le lierre et les ronces qui ont recouvert les dalles. À ce moment-là, l’associatio­n est confrontée à des problèmes financiers. Pour les enrayer, il est notamment décidé d’exploiter le patrimoine des souterrain­s dans l’espoir d’attirer un public nouveau. L’associatio­n contacte alors la Drac. Ensemble, elles découvrent que l’une des deux entrées s’est effondrée.

Des chercheurs américains sur le site

Mais la seconde est toujours viable ! L’accès se fait via une échelle, sous la buse en béton. Arrivé en bas, le visiteur doit emprunter un goulot d’étrangleme­nt, avant de déboucher dans une galerie un peu plus grande. Sur les côtés, deux salles et un petit silo ont été aménagés. Au plafond, des conduits verticaux ont été percés tandis qu’au bout, on devine une entrée qui s’est effondrée. L’archéologu­e Frédéric Surmely se rend plusieurs fois sur le site jusqu’en 2016, en compagnie de chercheurs et étudiants de l’université du Tennessee, avec qui la Drac auvergnate entretient un partenaria­t. Équipés de radar et laser, ils détectent d’autres galeries, en plus des deux déjà connues, sur au moins quatre niveaux différents.

L’associatio­n de la Maison de la Châtaigne a réalisé une exposition permanente, avec l’aide de l’associatio­n Terre ancienne, pour mettre en valeur le travail réalisé par ces chercheurs. Grâce à des panneaux et une vidéo, le public peut ainsi avoir accès aux prémices des connaissan­ces liées à ces souterrain­s.

Un sondage archéologi­que en projet

Ces derniers ne sont pas le fruit d’un phénomène géologique mais bien d’une activité humaine. « On estime qu’ils ont été creusés au milieu du Moyen-Âge, explique Frédéric Surmely. Concernant leur fonc- tion, l’une des hypothèses est qu’ils servaient de lieux de stockage sécurisé pour y entreposer de la nourriture, par exemple des céréales » . L’archéologu­e exclut toutefois qu’il puisse s’agir de refuges.

Il souhaite effectuer un sondage archéologi­que plus poussé. Ces investigat­ions pourraient avoir lieu en juin mais « la date n’est pas encore tout à fait fixée » , indique-t-il. Plusieurs autorisati­ons, dont celles de l’État et de la communauté de communes, doivent en effet être délivrées. L’archéologu­e ajoute : « À l’intérieur de la cavité visitable, le sol est couvert de remblais. L’idée est de réaliser des trous pour voir si l’on trouve des vestiges de plusieurs époques : celle durant laquelle le souterrain a été réalisé, puis celle(s) où il a été utilisé. Si l’effondreme­nt en bout de souterrain correspond bien à l’entrée originelle, il est possible de trouver des céramiques, par exemple, qui nous permettrai­ent de dater l’époque du souterrain avec plus de précision. » Les recherches pourraient également confirmer l’hypothèse du stockage. À la Maison de la Châtaigne, on n’écarte pas celle de l’entreposag­e des châtaignes, de par la présence d’air et d’humidité dans les souterrain­s. « On sait que ce que l’on voit aujourd’hui n’existait pas forcément il y a plusieurs siècles, rappelle toutefois Frédéric Surmely. Même si cette hypothèse est séduisante, pour l’instant, nous n’avons aucun indice. »

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© N. C. Peintures préhistori­ques ? Non, oxydes, a priori de fer et de manganèse (en haut) ! Joseph Labrunie, son épouse Juliette et Jérôme Chateau, le salarié de l’associatio­n, souhaitent mettre en valeur ces souterrain­s (à gauche). Les récentes recherches ont...

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