La Voix du Cantal

Une quête artistique et historique pour raconter le silence

Dans son spectacle déambulato­ire Les Tondues, les Arts Oseurs évoquent un sujet encore très peu traité : la tonte des femmes durant la guerre. Multi-artistique, cette pièce brise le silence et interroge le public tout en rendant hommage aux femmes.

- L.P. Spectacle en accès libre. Du 23 au 26 août à 11h. P94.

Entre 1941 et 1946, 20 000 femmes furent tondues sur les places publiques en France, accusées d’avoir eu des relations avec des Allemands. Un fait encore méconnu aujourd’hui, dont s’est emparée la compagnie Les Arts Oseurs pour son spectacle Les Tondues, après 3 ans de recherche sur le sujet. « Nous sommes tombés dessus et ce fut comme une évidence. On s’est dit que c’était incroyable que cela n’a jamais été traité et que c’était le moment ou jamais d’en parler » , indique Périne Faivre, metteur en scène. À travers un spectacle en déambulati­on, la compagnie nous amène au coeur d’une quête historique et artistique, pour tenter de traiter « un sujet intraitabl­e » , de questionne­r les silences de ceux qui, trop long- temps, se sont tus. « Il fallait que les murs nous parlent. Nous avons donc construit cela dans une approche multi-artistique » , confie la metteur en scène. Réalisées par une plasticien­ne écossaise, des « silhouette­s » s’empareront des façades des murs « comme des présences fantomatiq­ues de ce qui n’a jamais été raconté » , explique Périne Faivre. Et si le théâtre reste la couleur principale de ce spectacle, cinq artistes croiseront aussi la danse et la musique, avec pour objet principal un piano roulant « symbole de quelque chose que l’on tire, que l’on pousse, que l’on tente d’amener quelque part » . Les danseurs exprimeron­t le langage du corps, et Les Tondues devient peu à peu « un rendez-vous pris avec le corps féminin, qui revient comme un leitmotiv » .

Raconter ce qui a été passé sous silence, les Arts Oseurs ont relevé le défi, évoquant des faits « qui nous touchent tous intimement, qui touchent notre mémoire collective. Les gens ressortent avec des émotions mais aussi avec des questions, car notre but n’est pas de leur dire ce qu’il faut en penser » , souligne Périne Faivre. Habituée des sujets aux propos forts, la compagnie fait ici un « hommage aux femmes » , dans leur théâtre de prédilecti­on, celui « qui va vers les gens et qui se construit pour et avec l’espace public » .

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