La Voix du Cantal

Mis en cause pour agression sexuelle

Devant le tribunal correction­nel d’Aurillac jeudi 7 septembre dernier, un homme comparaiss­ait pour agression sexuelle et menaces de mort à l’encontre d’une jeune fille. Celui-ci a été entièremen­t relaxé à l’issue de l’audience.

- L.P.

Les faits remontent à février 2014. Julie*, rentre d’une soirée dans un établissem­ent de nuit aurillacoi­s. Sur le chemin du retour, alors qu’elle va regagner son appartemen­t, celle-ci fait la rencontre de Fabrice*, qui lui propose de la ramener chez elle. Arrivés devant la porte de son immeuble, les deux jeunes gens se font la bise. « C’est lorsqu’elle se tourne pour ouvrir sa porte que vous l’auriez bousculée en lui disant « ferme- la » , résume le Président. Elle indique s’être rattrapée à des lames PVC dans le hall de son immeuble et avoir perdu une chaussure. Elle aurait ensuite couru dans les escaliers pour rejoindre son appartemen­t, vous l’auriez poursuivi jusqu’à la dernière marche, l’auriez alors de nouveau bousculée en la menaçant, et vous vous seriez ensuite penché sur elle en mimant un rapport sexuel » .

« J’ai juste posé ma main sur sa cuisse »

Selon l’audition de Julie, reprise par le Président, Fabrice aurait également mis sa main sous sa jupe. Des faits que nie en bloc le prévenu à la barre. Si celui-ci ne dément pas avoir tenté de draguer la jeune fille en la raccompagn­ant chez elle, il ne reconnaît pas avoir tenté de l’agresser. « J’ai juste posé ma main sur sa cuisse » , confie-til alors au Président. À la fin de l’altercatio­n et dans un geste de défense, Julie aurait alors griffé son agresseur présumé au visage et celui-ci se serait mis à pleurer. Tentant alors de le raisonner, elle arrive à redescendr­e les escaliers pour récupérer sa chaussure et en profite pour sortir appeler de l’aide. « Plusieurs témoins affirment vous avoir vu prendre la fuite et confirment avoir porté secours à une jeune fille qui disait s’être fait agresser » , précise le Président.

Lors de l’enquête, les services de police vont découvrir l’ADN du prévenu sur le collant de la jeune fille, collant qui aurait également été déchiré lors de l’altercatio­n. « À la fois devant, mais également derrière » , souligne l’avocate de la partie civile. À la barre, Fabrice nie encore ces accusation­s. « Il y a beaucoup de contradict­ions dans vos propos, souligne le Président. Au début, vous ne déclarez même pas lui avoir touché la cuisse… » . Déjà condamné pour des faits de vol, violence, recel, conduite sans permis, refus d’obtempérer et conduite sans assurance, le prévenu a été placé sous contrôle judiciaire suite à cette affaire.

Pour l’avocate de la partie civile, « la victime ne doit son salut qu’à elle-même, à l’intelligen­ce qu’elle a eue de le raisonner. Elle ne s’est pas méfiée quand il a proposé de la raccompagn­er » , a-t-elle souligné. Celle-ci a également mis l’accent sur la version des témoins, « qui disent tous avoir porté secours à une jeune fille en pleur et avoir vu partir un homme en courant. Le prévenu change plusieurs fois de version. Ma cliente, elle, décrit précisémen­t les choses, malgré son état de choc. Quel intérêt aurait-elle de dire tout ce qu’elle a dit, de le soutenir pendant 3 ans, alors qu’ils ne se connaissai­ent même pas avant ? » . Celle-ci a demandé 10 000 € de dommages et intérêts. « L’expertise psychologi­que explique clairement que ma cliente présentait toutes les caractéris­tiques

« Il y a beaucoup de contradict­ions dans vos propos »

d’un syndrome post-traumatiqu­e » .

Pour le procureur, le constat est le même. « Je ne partage pas la version des faits du prévenu. On a l’impression que tout ça est une conspirati­on contre lui. L’ADN retrouvé est un élément important et nous avons également la version des témoins et celle des voisins qui confirment que des lames PVC ont été arrachées. Pour moi, l’agression sexuelle est caractéris­ée. L’examen psychiatri­que parle de fonctionne­ment impulsif, une injonction de soin paraît donc nécessaire » . Le procureur a requis une peine de 6 mois de prison avec sursis, assortis d’un contrôle judiciaire avec obligation de soins et l’interdicti­on d’entrer en contact avec la victime.

« Il n’y a pas eu de vérificati­ons »

La défense évoque, elle, un manque de vérificati­on dans la version du mis en cause. « Il a été constant en disant qu’à aucun moment il n’a monté les escaliers. Mais aucune empreinte n’a été relevée à l’étage, c’était pourtant le B-A BA. Il n’y a pas eu de vérificati­ons. De plus, la victime n’est pas aussi précise que ce que l’on veut bien nous faire croire. Lorsqu’elle est réentendue, elle n’est plus sûre si c’est bien mon client qui a déchiré son collant. Ne voyez pas trop vite les évidences, là où il n’y a peut-être pas tant d’évidences que cela » .

Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement relaxé Fabrice pour l’ensemble des faits qui lui étaient reprochés. *Les prénoms ont été modifiés

 ??  ?? Le prévenu était placé sous contrôle judiciaire suite à cette affaire.
Le prévenu était placé sous contrôle judiciaire suite à cette affaire.

Newspapers in French

Newspapers from France