La Voix du Cantal

Tournée avec le facteur du XXIe siècle

Indispensa­ble pour de nombreux Français, le métier de facteur a énormément évolué ces dernières années. Pour autant, il reste un élément clé de la relation de proximité, notamment en territoire rural.

- A.C-R

Le facteur se hisse à la deuxième place, dans le classement des personnage­s préférés de la vie quotidienn­e des Français, derrière le boulanger et devant le pompier. Une profession séculaire, qui a opéré un virage voilà 10 ans, pour intégrer au mieux l’avancé du numérique et des dernières technologi­es. Comment se passe le quotidien de ces femmes et hommes qui, six jours par semaine, sillonnent les routes du Cantal pour distribuer lettres et colis ?

12 tournées en mémoire

Rendez-vous est pris à 7 h 45 au centre de tri d’Arpajon sur Cère, un vendredi. Dès notre arrivée, on assiste à un ballet de chorégraph­ie postale, une trentaine de personnes préparent le courrier. Ils en arrivent de toute la France et même de l’internatio­nal, notamment avec les petits colis, commandés sur Internet.

Ici, 25 tournées sont en cours de préparatio­n, jusqu’à 35 en temps plein. Le tri est encore « classique » avec des casiers selon les secteurs, les localités, le plus gros du travail est opéré à Clermont, où une machine lit les lettres pour une première répartitio­n.

Devant un large registre, le facteur « qualité », clé de voûte de la nouvelle organisati­on, vérifie les adresses, les changement­s à noter pour chaque tournée. « Au moins une fois par jour, il faut vérifier les points de distributi­on, notamment dans le cas de changement­s d’adresse. De plus, environ 60 % des points de livraisons ne sont pas référencés » souligne le facteur. En effet, les noms sur les boîtes aux lettres ne sont pas toujours visibles ou parfois même absent, ne laissant que le numéro de l’habitation.

Petit à petit, les casiers se remplissen­t. Une fois fait, chaque facteur vient chercher son courrier pour sa tournée. Que l’on soit à vélo, à pied ou en voiture, la base du travail est la même.

C’est à ce moment que nous rencontron­s Géraud Servant. Il y a trois ans, en qualité de nouveau facteur, il a suivi une formation et s’est exercé sur une tournée « du débutant », en compagnie d’un facteur chevronné. Un « rouleur » qui a d’abord embrassé des études d’agronomie au lycée Georges Pompidou avant de se réorienter dans le métier de postier. « Le rouleur, c’est avant tout un poste qui exige de la mémoire et beaucoup de rigueur » sourit le facteur. Aujourd’hui, Géraud connaît une douzaine de tournées, est opère lors des congés ou des vacances de ses collègues.

Avant de partir, Géraud pratique la méthode du coupage et du piquage afin d’organiser sa tournée. Chaque lettre, colis, imprimé est agencée dans l’ordre des boîtes aux lettres qu’il va rencontrer.

Il est alors temps de dégainer un nouvel outil, qui depuis décembre 2015, équipe l’ensemble des facteurs, le Factéo. Ce smartphone, regroupe une foule d’informatio­ns pour le facteur, qui lui permet de réaliser un suivi de sa tournée, signer les recommandé­s, distribuer les colis. Pour le jeune facteur, l’outil est indispensa­ble : « Tout est centralisé sur l’appareil. On peut faire face à toutes les situations, notamment dans le cas où l’on ne peut pas délivrer un colis » .

Factéo, nouvel ami du facteur

Ce nouvel outil, centralise également les nouveaux services de la poste, proposé aux particulie­rs et aux entreprise­s. L’un de, « Proxi Vigie » permet de veiller sur des personnes âgées, fragiles ou isolées, en programman­t jusqu’à six visites par semaine. Sur son Factéo, Géraud voit alors qu’il aura une visite en fin de matinée, chez une dame de la commune de Ytrac.

Une fois tout validé et préparé, il est temps de prendre la route, car comme le dit le postier « Mieux vaut bien trier et être tranquille pendant sa tournée » . Pendant près de 6 h, Géraud va sillonner les routes du secteur d’Ytrac et livrer des dizaines de plis au volant de sa fourgonnet­te électrique.

Comme prévu, à 11 h, Géraud s’arrête devant la maison de Mme Estrade, qui profite du service Proxi Vigie depuis un an, souscrit par la municipali­té Ytracoise. Pour cette dame la satisfacti­on est au rendez-vous « À part mon fils, je ne vois plus grand monde » . Du côté du facteur « On apprécie aussi ce contact avec les gens. On va au-delà de la simple distributi­on du courrier » . Géraud poursuivra par la suite son parcours, pour finir aux alentours de 14 h.

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