VERS UNE NOUVELLE VISION DU POSTIER
Pour les nouveaux facteurs sous contrat, les nouveaux services sont bien accueillis. Cependant, du côté des anciens, encore fonctionnaire du service public, les dents grincent. Pour certains, l’évolution est nécessaire : « Face à une diminution des courriers de 50 % entre 2008 et 2018, il faut bien trouver des solutions pour continuer de travailler » . D’autres sont plus critiques : « Auparavant, lors de nos tournées, on s’arrêtait prendre le café, discuter avec la personne. Aujourd’hui il en est de même, mais il faut payer » .
Du côté de la CGT Poste, on rappelle l’importance primordiale du rapport social : « On tombe peu à peu dans la gestion économique. Nous devenons une entreprise et cela paraît inévitable. Ce que nous faisions gratuitement avant, nous le faisons payer aujourd’hui » soupire Jean-François Vasse, délégué CGT PPT. Depuis l’ouverture au capital de la Poste, en 2010, « tout ce qui fait que le facteur était apprécié est en danger » selon le syndicaliste, tout en poursuivant « l’image du facteur est utilisée pour contractualiser des services » . Néanmoins, les solutions miracles n’existent pas et il paraît difficile « de tout contester en bloc compte tenu de la situation financière du groupe » . Les anciens postiers, qui ont passé un concours, vécu sur Paris leurs premières années se sentent aujourd’hui « has been ». « Je pense qu’une fois notre génération à la retraite, la Poste va vraiment connaître un profond bouleversement » confie un « vétéran » de la Poste avec plus de vingt ans de carrière.
Tout n’est pas noir, et la plupart attendent de voir les changements qui s’opéreront d’ici 10 ans, avec en consolation le fait que désormais « l’entreprise est soumise à l’inspection du travail » .