Le parc éolien de l’Algoux présenté aux habitants
La société Abo Wind, porteuse du projet éolien de l’Algoux, organisait une réunion publique afin d’informer les populations de Parlan, Roumégoux et Saint-Saury. Une rencontre tendue, auprès d’habitants mécontents du projet.
C’est un projet loin de faire l’unanimité. Mardi 3 octobre dernier, une réunion publique était organisée à l’initiative de la société Abo Wind, chargée de la réalisation du projet de parc éolien de l’Algoux, sur les communes de Parlan, Roumégoux et Saint-Saury. En début d’année 2015, la société a en effet réalisé de nombreuses études sur le terrain et jugé cette zone favorable à l’implantation d’éoliennes. Après quelques rencontres avec les municipalités concernées et les propriétaires, la société a tenu à rencontrer les populations, afin de détailler le projet. Ce seront ainsi 7 éoliennes, « d’une hauteur de 180 mètres et d’une puissance de 3 600 kW chacune, qui seront implantées sur les 3 communes » , a expliqué Yannis Fouqueré, responsable du projet pour la société Abo Wind, devant une assistance inquiète, voire très remontée, notamment quant à la « défiguration du paysage » qu’impliquerait l’implantation de ces éoliennes.
Si les promoteurs l’affirment, « la distance entre les bourgs et les éoliennes sera de 2129 mètres pour Parlan, 3640 mètres pour Roumégoux, et 1316 mètres pour Saint-Saury » , les habitants ont montré leur mécontentement quant à la distance avec certains hameaux, qui seraient beaucoup plus proches des mâts. « La législation autorise 500 mètres » , a répliqué Yannis Fouqueré.
Autre point qui fait également grincer des dents, le bruit émis par les pâles, « que subissent déjà les habitants de Saint-Saury avec le parc éolien de la Luzette » , ont souligné les habitants. « Les nuisances sonores sont prises en compte dans le projet. Des études ont été faites pour le niveau de bruit auprès des habitations, a indiqué Yannis Fouqueré. Celui-ci correspond à 35 décibels, soit l’équivalent d’une conversation à voix basse » , a-t-il ajouté. Une information qui n’a pas semblé convaincre l’assistance, remontée également contre les municipalités qui n’auraient pas tenu compte de l’avis des populations concernant le projet.
« Il faut tenir compte de l’humain »
Regrettant un manque d’information, l’association Stop Eole Parlan - Roumégoux (SEPR) créée à la fin de l’année 2016, a ainsi décidé en avril dernier de réaliser un sondage pour connaître l’avis des habitants de Parlan. Ceux-ci se sont majoritairement montrés opposés au projet (265 exprimés, 148 personnes contre, 23 pour, lire notre édition du 28 septembre). Jean-Claude Montillet, président de l’association, a tenu, en présence du maire de Parlan et président de la Communauté de communes de la Châtaigneraie cantalienne, Michel Teyssedou, à rendre les résultats de ce sondage. « Nous demandons la considération de nos élus ! » . Pour l’heure, seul le maire de Saint-Saury, Roger Condamine, a souhaité demander l’avis de sa population, qui ne s’est pas non plus montré favorable au projet. « Il faut tenir compte de l’humain, a-t-il lancé. On sera entre des pylônes et des éoliennes. Alors si même un tiers de la population est contre, on en tiendra compte ! » . Une prise de parole applaudie par certains membres de l’assistance. Face à ces remarques, la société Abo Wind a précisé, qu’une « enquête publique sera lancée une fois le dossier complet. Des commissaires enquêteurs mandatés par les services de l’État viendront recueillir l’avis de la population » .
286 000 € par an de retombées fiscales
En termes de retombées fiscales, ce projet éolien représenterait 286 000 € par an sur le territoire. Une somme, qui sera redistribuée égalitairement entre les communes sur lesquelles sont implantées les éoliennes, et la Communauté de communes. Une délibération votée lors du dernier conseil communautaire de la Châtaigneraie cantalienne, lundi 2 octobre dernier. « Il n’est pas normal que les communes aient tous les impacts négatifs et la communauté toutes les retombées économiques. C’est pourquoi le conseil a décidé de les redistribuer à 50-50 entre les communes d’installation et la communauté de communes » ,a précisé Michel Teyssedou. Face aux critiques des habitants qui dénoncent une pollution visuelle et une dégradation de leur cadre de vie au profit de l’argent, le maire de Parlan et président de la Communauté de communes s’est agacé et a tenu à clarifier les choses : « L’argent récolté ne va pas dans les poches du maire ! Il faut se battre pour avoir les mêmes conditions de vie qu’en ville, dans un milieu rural. On peut le faire avec des opportunités financières. Vivre dans un conservatoire ou un musée, ce n’est pas ce que je veux pour l’avenir » .
Une fois le dossier clôturé par la société Abo Wind, celui-ci sera envoyé au préfet du Cantal en « demande d’autorisation » . Il appartiendra par la suite aux services de l’État de valider ou non le projet.