La Voix du Cantal

Agression sexuelle à Mauriac : les versions divergent

- N.G

Philippe*, 43 ans, était convoqué à la barre du tribunal d’Aurillac jeudi dernier pour répondre à des accusation­s d’agressions sexuelles et harcèlemen­t sexuel.

Des faits qui remontent aux années 2007 et 2008 pour les premiers faits. Philippe est cuisinier dans une maison de retraite de Mauriac.

Une collègue à lui, Fabienne*, décide un jour de se rendre à la gendarmeri­e pour dénoncer des faits de viol émanant de Philippe. À l’époque, un incendie avait eu lieu au sein de cette résidence : « un événement qui a marqué l’équipe et vous a « rapproché » d’elle. Et un jour, vous lui avez envoyé un SMS pour lui dire de venir chez vous prétextant que votre compagne a besoin de réconfort. En arrivant, votre compagne n’est pas là, vous décidez d’offrir un café à votre collègue et vous fermez à clé votre résidence. Vous essayez de l’embrasser, puis vous l’emmenez près du lit. C’est alors que vous la caressez, et la pénétrez » indique le président du tribunal. D’après ses déclaratio­ns lors de l’enquête, elle dira qu’elle décide de revenir une deuxième fois chez lui, après l’envoi d’un SMS de sa part, pour avoir des explicatio­ns.

Il ferme à clé et la met dans sa poche

Ce qui laisse perplexe le tribunal réside dans le fait de déclaratio­ns changeante­s lors de l’enquête de la part du prévenu.

À la barre, jeudi dernier, il se défend : « elle était consentant­e, et si elle m’avait de- mandé plus fermement de partir, je l’aurais laissé. » Sur ses déclaratio­ns qui varient, il indique : « c’était sous la pression de la garde à vue, j’ai été pris sur le fait accompli. » Le président lui demande alors pourquoi avoir fermé à clé et laissé la clé dans sa poche : « c’est machinal, je le fais souvent. »

Fabienne* écoute les dires de son collègue, elle est en pleurs et ne désire pas s’exprimer.

Le président reprend la parole et signale qu’au cours de cette enquête, les anciennes compagnes de Philippe sont interrogée­s. Un témoignage retient l’attention : « une d’entre elles dit que vous avez été gentil au cours de la relation mais qu’un jour, vous avez utilisé le compte MSN de son fils de 12 ans pour discuter avec des copines à lui. »

Le procureur de la république prend alors la parole pour demander au prévenu : « vous étiez convoqué à l’expertise psychologi­que, pourquoi vous n’y avez pas été ? »

« C’est un oubli de ma part et je n’ai pas reçu la convocatio­n. »

Le deuxième fait concerne aussi une employée de la maison de retraite qui y travaille depuis 2012. Là, il aurait essayé de l’embrasser de force et l’aurait poursuivi chez elle. Il dira qu’il n’avait pas de sentiments pour elle mais qu’il voulait voir jusqu’où il pouvait aller.

Jeudi l’avocate de Fabienne signale à la cour : « ma cliente a décidé de correction­naliser l’affaire pour éviter un ou deux jours d’assises. Lors de ce soir-là, elle a eu peur, elle était tétanisée lorsqu’elle s’est rendue compte que la porte était fermée à clé. Lors d’une audition, il a reconnu qu’elle l’a repoussée. »

De son côté, le procureur de la république demande 18 mois de prison pour le harcèlemen­t et considère que les faits sont prescrits pour l’agression sexuelle. En théorie, en matière d’agression sexuelle, les faits sont prescrits trois ans après les faits.

Quant à l’avocat du prévenu, celui-ci se dit surpris «: pourquoi avoir porté plainte cinq ans après, pourquoi être revenu une deuxième fois au domicile de mon client, pourquoi n’avoir rien dit à son mari ? Toutes ces questions me posent problème. »

L’affaire a été mise en délibéré au 16 novembre. *Les prénoms ont été modifiés

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France