La Voix du Cantal

Démographi­e : accueillir 6 000 étudiants, réalité ou utopie ?

Pour résoudre la problémati­que de la démographi­e, beaucoup de propositio­ns sur le désenclave­ment sont apportées. Et si la solution « miracle » résidait dans le secteur étudiant ?

- A.C-R

Raccourcir les temps de trajets, favoriser le tourisme, ses propositio­ns sont quasiment toujours sur le podium pour résoudre la problémati­que de la démographi­e. Pourtant, dans l’ombre, certaines personnes pensent différemme­nt et amènent d’autres projets pour renouer avec le dynamisme.

C’est le cas de Pierre Vermenouze, autrefois banquier et à la retraite depuis 2003.

Pour cet homme, le déclic est

arrivé lorsqu’on lui demande d’assurer une conférence sur Jules Ferry et son oeuvre au début

des années 2000 : « J’ai alors beaucoup étudié la question de l’enseigneme­nt et notamment celle des études supérieure­s. On constate que depuis très longtemps, la France voit d’un mauvais oeil les études à rallonge. C’est d’autant plus flagrant par rapport aux modèles scolaires de certains voisins européens » indique Pierre Vermenouze.

Poussé par cet élan et son propre vécu, il décide alors de proposer un projet, baptisé « opération campus ». Le constat est simple : des villes moyennes à grandes accueillen­t des centres universita­ires et cela fonctionne, pourquoi pas Aurillac ?

Les cas sont multiples, la Rochelle compte 8 273 étudiants pour 73 000 habitants, Saint-Andrews en Angleterre, 6 000 étudiants pour 18 000 habitants ou encore Offenburg en Allemagne avec 6 000 étudiants pour 60 000 habitants… Aurillac, de son côté, compte environs 1 500 étudiants en moyenne.

Le but n’est pas de cannibalis­er les villes étudiantes françaises, mais de proposer un pôle universita­ire pour convier les étudiants de toute la France et pourquoi pas d’Europe.

Cette propositio­n est également appuyée par la mise en lumière des « hyperpôles universita­ires » qui centralise­nt en moyenne 30 000 étudiants. Un contraste saisissant, notamment « pour les départemen­ts ruraux, dont la démographi­e est entre autres, victime de l’absence d’université, comme la Lozère, La Creuse, les Hautes-Alpes et bien entendu le Cantal » , souligne Pierre Vermenouze.

Toutefois, il manque « une volonté de faire (fer). Il serait nécessaire de voir naître une volonté commune d’avoir une université et non impulser par deux ou trois politicien­s. Pour le cas de La Rochelle, toutes les forces vives se sont unies : habitants, profession­nels, politiques… » .

Pierre Vermenouze reste néanmoins lucide et par conscient de la lourde tâche à accomplir : « Le seuil critique serait de réussir à regrouper 6 000 étudiants. Et Aurillac a les capacités pour accueillir cette population. Cette action permettrai­t de revitalise­r notre départemen­t » .

Au-delà de la question de la démographi­e, d’autres avantages découlerai­ent de cette initiative. Un pôle universita­ire continuera­it de brasser les cultures, permettrai­t aux Canta- liens de pouvoir faire leur cursus sur place…

Des freins existent pour autant, comme l’explique Pierre Vermenouze : « Les étudiants sont regardés avec une certaine suspicion, en particulie­r lors de débordemen­ts de fin de semaine. Les professeur­s peuvent aussi hésiter à s’installer tant que le nombre d’étudiants n’atteint pas un seuil critique. Mais ils seraient rapidement conquis par la qualité de vie, je n’en doute pas » .

Pour le moment, Pierre Vermenouze cherche à créer un collectif. Bruno Faure, président du Conseil départemen­tal et Josiane Coste, sénatrice du Cantal ont été approchés et sont désormais au courant du projet.

L’année prochaine et la fin d’année à venir « vont être décisives. C’est là que nous allons voir si ce projet conduit à de vraies propositio­ns ou s’il tombera dans l’oubli » .

« Cette action permettrai­t de revitalise­r notre départemen­t »

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Des étudiants pour renouer avec le dynamisme. Ici, l’amphithéât­re de Nîmes.

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