Le défi majeur à venir TRANSMISSION. des exploitations cantaliennes
Aujourd’hui, deux tiers des exploitations agricoles cantaliennes ne trouvent pas de repreneur. Un phénomène qui risque de s’accentuer dans les années à venir.
Comment s’assurer de la pérennité du tissu agricole cantalien ? Un véritable cassetête qu’essaye de résoudre la chambre d’agriculture du Cantal. Chaque année, entre 200 et 250 exploitations, s’arrête, faute de repreneur ou d’une succession. Du côté des installations le chiffre oscille entre 90 installations aidées et 30 non aidées. Un chiffre qui ne compense pas les départs et fragilise d’année en année le tissu agricole cantalien.
Toutefois, la chambre d’agriculture du Cantal multiplie les dispositifs pour remédier à ce problème : journée « demain je transmets » , un « ferme dating », quinzaine de la transmission (en cours)… Des leviers d’actions, qui tentent de redynamiser le territoire et surtout, d’anticiper la transmission.
Transmettre dans de bonnes conditions
Heureusement, la situation est loin d’être catastrophique à Espinadel. Une exploitation « témoin » pour montrer que, oui, la transmission d’une exploitation peut bien se passer. Géraud Brunhes, le cédant, a entamé une réflexion à l’orée de ses 55 ans : « Je sentais la fatigue arriver et je voulais être prêt. Je ne souhaitais pas être usé à la corde et finir sur les rotules à 65 ans. Pour être sûr de partir dans les bonnes conditions, la chambre d’agriculture m’a accompagné. Mon projet était simple : trouver un jeune et ne pas voir mon exploitation morcelée » .
De ce constat, 28 candidats se sont présentés : « Et j’ai tout vu… Ceux qui n’avaient pas les tripes pour, ceux qui ne pouvaient me suivre alors qu’ils avaient 20 ans… Ce fut un long parcours pour trouver la perle rare, qui de plus, était d’accord pour garder le système allaitant de l’exploitation » souligne le cédant.
Au final, cinq ans plus tard, la transmission est actée. Les frères Chanut, Christophe et Lionel, ont été retenus. Ils ont profité d’un stage de parrainage de huit mois, une « aubaine » pour les deux frères : « Cela nous a permis d’être sûrs de notre choix, de découvrir l’exploi- tation et de pouvoir discuter avec Géraud Brunhes. Il nous a beaucoup appris. Le fait de travailler ensemble a rassuré tout le monde » indique Lionel Chanut.
Le stage est de plus financer soit par le pôle emploi ou la région, ce qui permet une plus grande quiétude lorsqu’ « on ne peut encore dégager de revenus. On se concentre vraiment sur les rouages et les détails pour être efficace par la suite » souligne Christophe Chanut.
Au final, la transmission fut un succès, preuve que le suivi et les outils de la chambre d’agriculture sont « pertinents et efficaces » selon le président de la chambre d’agriculture du Cantal, Patrick Escure.