La Voix du Cantal

Tribunal : un véritable guet-apens tendu ?

- N.G

En introducti­on de cette affaire, les mots du président du tribunal d’Aurillac sont forts en s’adressant aux prévenus qui se trouvent à la barre. « À la lecture du dossier, on dirait que vous avez lancé un véritable guet-apens. »

L’histoire remonte au mois d’octobre 2016 à Maurs. Une affaire particuliè­re qui se déroule sur fond d’adultère. En effet, Catherine* est en couple et a deux enfants. Elle apprend que son mari a une relation avec une autre femme, Sophie*, qui travaille dans le même établissem­ent que ce dernier. Elle décide alors d’en parler à sa fille, Cyrielle*, âgée d’une vingtaine d’années. La jeune fille ne supporte pas cette situation tant la relation avec son père « est fusionnell­e » . Elle décide alors, un jour, d’envoyer un texto à cette femme en utilisant le portable de son père. Le rendez-vous est fixé dans une rue de la ville, et c’est alors que la jeune fille aurait bousculé Sophie, lui aurait crevé les pneus de son vélo et l’aurait aspergé de gaz lacrymogèn­e avec une bombe. Elle sera auscultée et 15 jours d’ITT sont prononcés.

Aspergée de gaz lacrymogèn­e

À la barre du tribunal, la jeune femme devait répondre de ces accusation­s. Elle était accompagné­e de son petit ami de l’époque, qui était présent le jour des faits ainsi que la maman présente elle aussi.

L’atmosphère est tendue, la maman est en larmes, sa fille ne tient pas en place, elle répond assez sèchement aux questions du tribunal. À l’audience, Cyrielle reconnaît les faits sauf le fait de l’avoir bousculée : « ça, c’est faux. Je n’aurais pas dû faire cela, j’étais en colère. » Pour sa part, Catherine regrette d’en avoir parlé à sa fille « mais elle a voulu me défendre. »

Le petit ami, lui, reconnaît les insultes : « je voyais ma copine souffrir donc j’ai réagi de cette façon. »

Lors de cette audience, Sophie n’est pas présente. « Elle est traumatisé­e par ce qui s’est passé ce jour-là. On se trouve dans une situation où les faits sont graves. Ils ont quasiment duré deux heures et il y a eu une belle préparatio­n des auteurs : couteau, utilisatio­n du portable du papa et gaz lacrymogèn­e, tout y est. Dans la précipitat­ion des événements, ma cliente a voulu téléphoner à quelqu’un mais elle a déclenché un enregistre­ment. On ne voit pas les images mais il y a le son. Ma cliente est dans un état psychologi­que compliqué, elle est partie vivre ailleurs. Pour tout cela, je demande 165 euros pour le vélo et 10 000 euros pour le préjudice moral. »

Pour le procureur de la république, la jeune femme « n’a pas encore pris conscience de la gravité des actes. » Elle demande 15 jours de prison avec sursis et 150 euros pour le préjudice moral ainsi que 500 euros avec sursis pour la maman et le petit ami.

Pour l’avocat des prévenus, la situation n’est pas aussi claire : « la maman s’est sentie humiliée et je ne crois pas qu’il y ait eu deux heures d’insultes, il ne faut pas exagérer. La réaction est disproport­ionnée, certes, mais il faut remettre les choses dans leur contexte. Cette prétendue victime a harcelé le mari pour continuer cette relation et elle voulait même qu’il vende la ferme qu’il a avec son épouse car elle avait besoin d’argent. Et je reste circonspec­t quant à la demande de 10 000 euros de préjudice. »

L’affaire a été mise en délibéré au 18 janvier. *Les prénoms ont été modifiés.

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