La Voix du Cantal

Compteur Linky : le courant ne passe pas

Un collectif se dresse contre son installati­on

- L.P.

Il est peut-être déjà installé chez vous. Le nouveau compteur électrique Linky arrive petit à petit dans le Cantal. Depuis quelques mois, des technicien­s sont à pied d’oeuvre, pour l’instant principale­ment sur le bassin aurillacoi­s, afin d’installer ce petit boîtier vert fluo, qui viendra désormais remplacer votre vieux compteur électrique. Imposés par une directive européenne et la loi française sur la transition énergétiqu­e, ces nouveaux compteurs seront gérés par Enedis (ex-ERDF), gestionnai­re des réseaux. Un compteur dit « intelligen­t » qui sera capable d’être relevé et d’envoyer des données sur votre consommati­on électrique, sans l’interventi­on d’un technicien.

Mais le courant ne passe pas pour tout le monde et le 17 novembre dernier, un collectif de 70 personnes s’est constitué pour dire « non » à l’installati­on ces nouveaux compteurs. « Nous nous sommes rendu compte que beaucoup de gens le refusaient, explique Jean-Pierre, au nom du collectif. Nous avons donc eu besoin de nous fédérer » .

« Les compteurs sont souvent installés de force »

Dans les faits, Enedis averti ses clients par voie postale 45 jours avant la pose du nouveau compteur. Si les compteurs sont situés à l’intérieur du logement, la présence du locataire ou propriétai­re sera nécessaire et une prise de rendez-vous sera obligatoir­e. Si les compteurs sont en accès libre, alors le technicien procédera au changement sans la présence du client. « On se rend compte dans le second cas que, bien qu’ayant stipulé en amont notre refus, les compteurs sont installés souvent de force. En réalité, Enedis est gestionnai­re des réseaux mais pas propriétai­re des compteurs, qui appartienn­ent encore à la commune. Nous avons donc légalement le droit de le refuser. Mais même après une lettre argumentée au maire et un courrier à Enedis, personne n’en tient compte » .

Et si le compteur Linky sème autant la discorde, c’est que ses détracteur­s ont plusieurs choses à lui reprocher. « Il est quelque- fois mal installé, car on recrute souvent des personnes qui sont formées en seulement quelques jours, souligne JeanPierre. Dans certains départemen­ts, des incidents ont été notés comme des incendies, ou des coupures de courant intempesti­ves » .

Autre point noir, les membres du collectif dénoncent d’une même voix des problèmes d’atteinte à la vie privée, générés par les données recueillie­s par ces nouveaux compteurs. En effet, le Linky est relié par « courant porteur de ligne » ( CPL), qui injecte des ondes porteuses afin de transmettr­e des informatio­ns à un concentrat­eur. Ces données sont ensuite envoyées à un centre de traitement. Le Linky calcule ainsi « l’exacte consommati­on électrique à l’intérieur de l’habitation. En fonction de votre consommati­on, on sait à quelle heure vous vous levez, quand vous êtes là ou non, cela regroupe toutes les informatio­ns sur tout le monde, explique Etienne, membre du collectif. Ce sont des informatio­ns qui pourraient être utilisées à des fins sécuritair­es. De plus, Enedis peut en tirer profit en les revendant » .

Et si le collectif est aussi remonté contre le petit boîtier vert, c’est également pour des raisons sanitaires. « Nous sommes de plus en plus exposés aux radiofréqu­ences et on nous en rajoute encore. Nous risquons de développer des problèmes d’électrosen­sibilité. De plus en plus de personnes développen­t ce genre de troubles, explique Frank, 52 ans, qui fait aussi partie du collectif. L’OMS a d’ailleurs classé les radiofréqu­ences « cancérogèn­es possibles » » .

Par ailleurs, le collectif dénonce aussi un problème environnem­ental : « avant, un compteur avait une durée de vie de 60 ans. Maintenant le Linky dure 20 ans. Il faudra changer 35 millions de nouveaux compteurs, ce sera un business permanent avec tous les problèmes liés à l’environnem­ent qui vont avec » .

« Le compteur Linky est inoffensif»

Face à ces critiques, Alain Riehl, directeur territoria­l d’En- edis dans le Cantal, s’attache à démonter chacun de ces arguments. « Le compteur Linky est complèteme­nt inoffensif. Le matériel est soumis aux contrôles européens et approuvé techniquem­ent » . Celui- ci affirme en effet que « les champs électromag­nétiques sont 100 fois inférieurs à tout autre appareil branché sur le réseau. Il s’agit d’un petit champ quasiment impercepti­ble. Tout a été démontré scientifiq­uement » . Alain Riehl le confirme, « On peut refuser un contrat d’électricit­é, mais si on veut en conserver un, il faut laisser Enedis le gérer. On ne peut pas forcer les gens à accepter Linky, mais en revanche, à l’avenir, les déplacemen­ts de technicien­s pour relever les compteurs seront facturés » .

Le collectif quant à lui, tient à continuer d’informer la population du départemen­t et proposera notamment des réunions publiques, ainsi que des opérations de tractage sur l’installati­on de ces nouveaux compteurs.

Des effets sur la santé ?

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France