A propose de bioéthique
Un sondage Ifop commandité par le journal La Croix et le Forum européen de la bioéthique, publie la position actuelle des Français sur l’accès à la Gestation pour autrui (GPA), sur la Procréation médicale assistée (PMA) pour les femmes célibataires et les couples d’homosexuelles, sur la modification génétique d’embryons humains et sur la légalisation de l’euthanasie et/ ou du suicide assisté. Les résultats révèlent qu’une une vague de fond libérale pousse plus de 60% de l’opinion vers un acceptation croissante de ces pratiques.
Les motivations qui sous tendent ces pourcentages ne sont pas présentées. Entre les décisions à prendre dans des situations d’urgence ou de grande détresse et la satisfaction de désirs et de conforts personnels, les raisons de recourir à ces pratiques sont assurément très diverses. Et elles ne se précisent pas toujours de façon très nette quand interfèrent l’émotion et la raison traversées en outre d’influences philosophiques, culturelles, religieuses … et politiques.
L’objectif Méditer de ce billet ne vise pas la proposition de solutions dans des domaines si complexes. Il se propose par contre de contribuer à la rechercher des repères fiables pour fonder et soutenir les jugements à porter et les conduites à tenir.
Nous avons été lancés dans l’existence sans avoir eu le moins du monde notre mot à dire. Un irréductible label de gratuité marque le départ dans la vie de toute personne humaine. Départ immédiatement confronté à l’exigence vitale d’adaptations au milieu fait d’environnement physique, familial, culturel. Tout ce qui nous constitue a été ainsi ini- tialement reçu. L’irréductible constat Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? (1) n’altère pourtant pas la responsabilité d’un Deviens ce que tu es ni les capacités de créativité. De quoi au passage questionner des prétentions de toute puissance et expédier les racismes aux enfers de l’imbécilité. Puis, peu à peu et dans les meilleurs cas (2), nous avons consenti à intégrer ces premières données, à accepter Nom, prénom, sexe, âge, langue et culture, jusqu’à en faire des lieux de responsabilité.
Deux perspectives s’ouvrent. L’une consent à l’existence d’un au-delà de soi, qu’il soit touché par l’humilité de ne pas savoir ou éclairé d’appellations qui le plus souvent cachent l’indicible : Dieu, la Vie, la Nature … En résulte un sentiment de dépossession qui lui aussi connaît une diversité de formes, du fataliste mektoub où tout est écrit d’avance, à la persuasion d’être les coopérateurs et les gestionnaires responsables d’une Création venue d’un Autre. En découle un profond respect de l’homme et le rejet de ce qui pourrait le réduire au rang d’objet utilitaire ou de plaisir. Tout ce qui par contre peut améliorer, embellir, soigner, guérir, entre par contre dans la dynamique de cette visée.
Ou bien cette dépendance originelle et durable est ignorée, oubliée ou récusée au profit d’options faisant l’homme maître du Monde. Les normes de l’agir, évoluent avec les sociétés, leurs gouvernants ou leurs majorités. Elles dépendent de décisions commandées par les progrès de pensées, de sciences, de techniques, mis au service de pouvoirs, de choix intéressés ou de recherches de confort. Ce sentiment, déclaré ou tacite, de toute puissance en arrive alors à la mise en place de dispositions susceptibles d’asservissements des êtres humains et de modifications de leurs profils physiques ou psychologiques, ou même de décider d’éliminer ou non des embryons surnuméraire (Tiens ! Où commence la vie?) ou des personnes très malades ou séniles (Tiens ! Où donc finit la vie?). Les comités d’éthique ayant alors fort à faire … ne serait-ce que pour s’entendre sur leurs propres références !
Certes des passerelles se lancent entre ces deux options de fond, telle celle du refus d’acharnements thérapeutiques ou de la gestion de profondes détresses. Mais la question de fond demeure : sommes-nous maîtres absolus de nos existences ou Créatures responsables de leurs développements ? De s réponses dépendent les conceptions de la bio-éthique.
( 1) 1° Lettre de Paul aux Corinthiens 4,6.
(2) Certains s’estimant mal lotis, suivraient Chateaubriand quand il écrit : .. la chambre où ma mère m’infligea la vie … ( Mémoires d’Outre Tombe) .