Harcèlement : pour une histoire de taille
Jeudi 11 janvier, au tribunal correctionnel d’Aurillac, Alain* est convoqué à la barre. À la tête d’une brigade de gendarmerie du Cantal, il est accusé par une de ses collègues de harcèlement moral. Il se serait moqué de sa petite taille, « 1.54m ». Lors des auditions, cette dernière raconte qu’elle ne sortait que très rarement de la brigade et qu’elle devait se contenter d’un rôle d’accueil. Il aurait aussi utilisé le fait qu’elle n’ait pas le permis pour ne pas la prendre en intervention. Un épisode qui a eu lieu lors du festival de théâtre de rue d’Aurillac en 2016 est aussi évoqué : alors qu’elle tient son arme, celle-ci traînerait par terre. Son chef lui aura demandé de la tenir différemment. Pour elle, tout ceci est à cause de sa petite taille. Un témoignage est alors mis sur le devant de la scène : un jour, en allant à la salle de sport où des collègues féminines sont présentes, il aurait lancé : « salut mes salopes ».
Présent à la barre pour répondre de ces actes, il indique : « oui je le reconnais, j’ai pu avoir des propos déplacés, mais c’est mon style de management, c’est de l’humour, c’est tout. Et en aucun cas, la taille n’a été un frein pour moi. Oui, je n’ai peut- être pas fait attention à ce mal- être, mais je ne me suis jamais moqué d’elle à cause de sa petite taille. D’autres collègues sont aussi petits et cela ne me gêne pas. »
Pour l’avocat de la partie civile : « l’humour du prévenu ne faisait rire que lui. Plusieurs témoins ont évoqué des propos et comportements complètement déplacés. »
Quant au procureur de la république, elle a plaidé pour une relaxe : « oui, il a eu des propos déplacés mais à travers les faits et témoignages, on ne peut pas parler de harcèlement moral. »
Pour sa part, l’avocat du gendarme indique : « c’est un dossier vide, fondé sur des rumeurs. Certes, son style de management peut surprendre, il utilise de l’humour, cela comporte des avantages et inconvénients. Dans une première audition, elle déclare se sentir exclue à cause de sa petite taille, pense-telle. Et dans une autre audition, elle déclare ne pas s’être sentie exclue quand elle est arrivée. Pour des missions de renfort, elle ne pouvait y participer puisqu’elle n’avait pas le permis, c’est tout. Rien de plus. »
L’affaire a été mise en délibéré au 22 février 2018. *Le prénom a été modifié