Des professionnels de santé divisés
11 vaccins désormais obligatoires : quelle marche à suivre ?
Attention, c’est une mesure qui faisait partie des changements notables au 1er janvier 2018 et cela risque de piquer ! Si jusqu’à maintenant seulement 3 vaccins étaient obligatoires, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), il sera désormais indispensable de faire vacciner ses enfants contre 8 autres maladies, des vaccins qui n’étaient jusqu’à maintenant que « recommandés » : la rougeole, les oreillons, la rubéole (ROR), l’hépatite B, la coqueluche, le pneumocoque, le méningocoque C et l’haemophilus influenzae B.
Une couverture vaccinale insuffisante
Une mesure lancée par le gouvernement en juillet dernier et adoptée par l’Assemblée nationale en octobre, qui concernera tous les nourrissons de 0 à 2 ans, nés à compter du 1er janvier. « Cette mesure a été votée car l’analyse de la couverture vaccinale s’est avérée insuffisante pour protéger les enfants collectivement, explique le Dr Anne-Marie Durand, directrice de santé publique à l’ARS. De plus, on revoit des épidémies de certaines maladies comme la rougeole car les rappels des vaccins n’étaient pas suffisamment prescrits. La recommandation ne suffisait donc pas » . Côté calendrier, pour un nourrisson, cette nouvelle obligation représentera 6 rendez-vous chez un médecin, soit 10 injections étalées sur 2 ans. Les premières aux 2 mois de l’enfant, les autres aux 4 mois, 5 mois, 11 mois, 12 mois, puis entre 16 et 18 mois. Des injections auxquelles vos enfants ne pourront plus échapper, sous peine de ne pas pouvoir être inscrits en collectivité (crèche, école, centre aéré…). Si le chiffre de onze vaccins peut donner le tournis à certains, il n’est cependant pas révolutionnaire selon l’ARS, qui assure que 70 % des enfants sont déjà vaccinés contre ces onze maladies.
Pourtant, la méfiance grandit, et c’est là où le bât blesse. Depuis les récents scandales sanitaires comme celui du Mediator ou encore de la Dépakine, la confiance envers l’industrie pharmaceutique semble avoir peu à peu cédé le pas à la suspicion et un français sur deux serait opposé à cette nouvelle mesure. Pourtant, l’ARS l’affirme : « Avant que les vaccins soient mis sur le marché, une étude bénéfice-risque est réalisée sur chacun d’eux par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, ndlr), c’està- dire que l’on étudie les effets secondaires du vaccin en question par rapport aux risques de la maladie. Celui-ci est mis sur le marché en toute connaissance de cause, soit si les effets secondaires sont minimes par rapport au risque de laisser circuler le virus » , explique le Dr Durand.
Mais certains professionnels de santé ne semblent pas tota- lement convaincus, à l’image de Myriam Himmelfarb, sagefemme dans le Cantal, qui évoque « un manque de recul nécessaire par rapport à la dangerosité des adjuvants. On ne connaît pas leurs effets » , explique celle-ci pour qui « 11 vaccins, c’est beaucoup trop pour des petits enfants » .
Si la jeune femme ne se dit pas « anti-vaccins » , pour elle « les trois vaccins déjà obligatoires semblaient largement suffisants. Le DTP et le ROR sont fortement conseillés, mais pour l’haemophilus influenzae B, nous n’avons pas du tout de notions d’épidémies et pour l’Hépatite B, à moins de vivre dans un milieu insalubre, cela me semble complètement inapproprié » . Dans sa profession, Myriam, conseillait jusqu’à maintenant le DTP et le ROR « et si la famille a des antécédents de pneumocoque ou de méningite, je conseille également ces vaccins. Mais pour moi, il faut voir au cas par cas. Les gens se méfient à partir du moment où l’on oblige » . La sage-femme conteste ainsi toute idée de contrainte. « Nous avons la loi Kouchner, datant de 2002, qui indique que tout acte médical doit se faire avec le consentement de la personne et avec des informations claires. Au niveau de la loi, je ne vois pas comment ils peuvent avoir le droit de faire passer cette obligation. Cela va sur des dérives et les libertés sont bafouées » .
Cette mesure est également mal perçue de la part de certains citoyens, qui y voient là des apports financiers supplémentaires pour l’industrie pharmaceutique. « L’intérêt commercial prime de plus en plus sur la santé » , regrette Myriam Himmelfarb. Un argument que réfute totalement l’ARS. « Cela rapporte surtout en termes de santé publique. Bien sûr c’est un gain évident pour les laboratoires. Mais ce n’est pas dans ce sens-là qu’il faut prendre cette mesure » .
En attendant de voir les premiers enfants de 2018 en âge d’être vacciné, les médecins ont selon le Dr Durand « le devoir d’essayer de convaincre les parents à vacciner leurs enfants, même s’ils ne sont pas soumis à cette nouvelle obligation » . L’idéal avec cette mesure, serait en effet « d’arriver à 95 % d’enfants vaccinés » , ajoute le Dr Durand.
« Il faudrait voir au cas par cas »