La Voix du Cantal

Plus qu’un salon, c’est un endroit pour préserver une race, un territoire

Depuis plus de 10 ans, André Salson, de la ferme de Pradels à Anterrieux dans le Cantal, monte au salon avec ses Aubrac. Une opportunit­é pour préserver sa race et faire connaître son métier.

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Quand on demande à André Salson depuis quand il monte au salon de l’agricultur­e, les dates se mêlent et se confondent. Comme une représenta­tion du vieil adage « quand on aime, on ne compte pas ». Pour lui et ses animaux, le salon est une tradition.

Sa première participat­ion remonte à 2003. Auparavant il y était monté en qualité de

spectateur : « Pour voir comment c’était. Pour aller à la

rencontre des éleveurs » . Éleveur Aubrac depuis toujours, il voue une grande passion à la génétique et à la préservati­on de cette race. Lors de la reprise de l’exploitati­on familiale en 1979, les croisés Aubrac-Charolaise­s laissent la place à de l’Aubrac pure. L’idée de monter au salon n’était pas encore dans son es- prit et il ne pensait pas un jour, atterrir dans les allées du salon.

C’est l’arrivée de Cécile Ducoulombi­er, qui d’un coup fait basculer les choses.

Sa nouvelle compagne le convainc de monter au salon, non plus comme membre du public, mais comme compétiteu­r. Une chose est sûre, elle a bien fait. Car le nombre de prix engrangé dépasse aujourd’hui la vingtaine.

« Seul c’était très compliqué. J’ai rejoint un groupement d’éleveur, pour dégager plus de temps pour le salon. Cécile m’a également motivé et soutenu » explique André Salson.

Aujourd’hui, le salon c’est un peu un rituel. Chaque année, l’occasion de présenter une nouvelle bête, l’un de ses chevaux d’Auvergne (une race particuliè­re et unique de la région) ou la production de thé d’Aubrac ( Calament à grandes fleurs), entamée il y a quelques années. Pour l’éleveur les avantages sont multiples : « Les retombées du salon sont toujours positives. C’est une très belle opportunit­é pour nous, de faire découvrir nos races et nos métiers à des personnes qui ne sont pas en contact avec le monde rural. L’ambiance entre éleveurs est également unique et très conviviale » .

Bien conscient de l’impact de leur venu et des attentes du public, le couple sait que les regards de la France entière seront braqués sur eux le temps d’une semaine : « Le monde agricole est peu médiatisé de façon positive de nos jours. Alors il ne faut pas rater l’occasion d’être ambassadeu­r d’un territoire, d’une région et surtout d’une race » .

Seul ombre au tableau, le changement de mentalité du salon. « Avant, le salon était un rendez-vous pour les profession­nels. L’arrivée massive du public a changé la donne. Aujourd’hui on nous demande de communique­r autour de l’environnem­ent, de faire preuve de pédagogie. On a dû s’ouvrir aux autres » . Un changement qui ne boule- verse pas outre mesure l’éleveur. Pour autant, sa compagne espère que le salon ne deviendra pas « une parodie de Martine à la ferme » .

André Salson craint surtout une chose, un éloignemen­t des racines : « Je ne monte pas au salon pour moi, pour me faire connaître. Je souhaite avant tout la préservati­on de la race Aubrac » .

Le changement de mentalité, André Salson l’a également constaté du côté des collègues éleveurs : « Aujourd’hui la sélection est très rigoureuse pour aller à Paris. En 10 ans on est passé de « est-ce que je veux aller au salon » à « est-ce que je peux aller au salon » ».

Une chose est sûre, André Salson et Cécile Ducoulombi­er vont continuer d’y aller chaque année : « Tant que l’on peut monter au salon, on continuera » sourit André Salson.

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André Salson et Cécile Ducoulombi­er, à la ferme de Pradels.
 ??  ?? Voila Gaillarde, 7 ans, qui portera les couleurs de l’Earl Salson au salon de l’agricultur­e.
Voila Gaillarde, 7 ans, qui portera les couleurs de l’Earl Salson au salon de l’agricultur­e.

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