Commentaire.
On dit que telle personne est transparente quand, à nos yeux, sa vie semble limpide, sans cachotterie, sans mesquinerie ; quand elle inspire totale confiance. Dire de quelqu’un qu’on voit clair à travers lui, c’est dire aussi peut-être que cet humain n’accapare pas toute la lumière pour lui, laissant voir d’autres perspectives, d’autres personnes, d’autres idéaux. Or, sur la montagne, Jésus laisse entrevoir Dieu. A lire de près l’Evangile de Marc, les trois disciples privilégiés n’ont pas vu grand-chose de Dieu, tant c’était éblouissant, aveuglant. Quelques années après l’évènement, ils bégaient pour décrire leur vision. Ce qu’ils ont bien vu, cependant, c’est un bout du Royaume, un morceau de la Vie éternelle… en la présence de Moïse et d’Elie, des grandes figures d’Israël mortes voici des siècles. Si ces deux personnes devisent avec Jésus, c’est que la vie éternelle existe bel et bien et que le présent divin n’est pas le nôtre. Jésus lui-même, à cet instant, est déjà dans le Royaume divin avec ceux qui sont partis avant lui. Cet épisode de transfiguration (voir à travers) aurait dû aider les disciples à vivre et à comprendre la passion dans l’attente d’une résurrection. L’efficacité de cette annonce fut plus que relative. N’empêche ! Après la Pentecôte, cette rencontre furtive avec le Royaume de Dieu continuera de les illuminer et leur donnera enfin la compréhension que la vie terrestre n’est qu’un passage. Je rêve parfois d’être transparent du mystère divin. Comme j’aimerais surtout pouvoir le reconnaître en regardant mes contemporains ! Ils sont visage de Dieu, souvent abîmé, souvent défiguré, et si souvent glorieux et lumineux, fruit de la grâce. Dieu Trinité, éclaire-nous de ta miséricorde pour que nous rayonnions de ta splendeur ! [P. Henri Gau]