La Voix - Le Bocage

Leur rêve s’écroule

- Laura Baudier

À respective­ment 26 et 33 ans, Sonia et Xavier Leroy ne s’attendaien­t pas à vivre l’enfer en achetant leur première maison à Sainte-MarieLaumo­nt, commune déléguée de Souleuvree­n-Bocage.

Sonia et Xavier Leroy, tous deux natifs du Bocage virois, avaient depuis quelques années déjà le projet d’acheter une maison. Ils commencent leurs recherches en mars 2015. « Nous voulions une maison clé en main, qui ne nécessite aucun travaux, pour un budget de 130 000 €. » Sonia se rêve dans une maison de maître, « avec un chemin qui mène jusqu’à la maison » . Le couple visite plusieurs maisons avec l’agence immobilièr­e Guy Hoquet, située à Vire.

Le rêve se réalise

Le 5 août 2015, le couple visite une maison à Sainte-Marie- Laumont : « Nous avons eu un coup de coeur. C’était la maison de nos rêves. Notre agent nous a certifié qu’il n’y avait aucun travaux à effectuer. Elle nous a présenté tous les papiers, il n’y avait pas à douter ».

Le couple fait une offre à 140 000€ qui est refusée. « Nous avons préféré passer par une agence en se disant que nous serions protégés. » L’offre à 143 000€ est acceptée. Les jeunes mariés signent l’acte authentiqu­e de vente chez le notaire le 7 décembre 2015. « Notre agent immobilier nous a tendu une bouteille de champagne en nous disant combien elle était heureuse d’avoir pu nous aider à réaliser notre rêve. »

Une fâcheuse découverte

Jeudi 10 décembre, lors de son emménageme­nt, le couple découvre avec effroi une « énorme » fissure sur le mur porteur ouest de la maison et s’aperçoit que celui- ci est « tout bombé » : « La fissure était énorme, nous pouvions y passer la main. »

Le couple se rend alors à l’agence immobilièr­e : « Le directeur de l’agence nous a dit qu’il était au courant mais que cela ne nécessitai­t pas de travaux, qu’un devis avait été fait mais qu’il n’avait pas jugé nécessaire de nous le donner » . Sonia et Xavier apprennent donc qu’un devis de quelque 3 500 €, en date du 22 juin 2015, avait été donné à l’agence par les anciens propriétai­res.

L’heure des expertises

Les expertises s’enchaînent. Lors de la première expertise, « l’expert a estimé le montant des travaux a plus de 33 000 € » , explique Sonia. Un renforceme­nt du mur par l’extérieur est opéré ce jour-là.

Le directeur de l’agence immobilièr­e se rend à la deuxième expertise. « Il nous a dit qu’il ne nous avait pas donné le devis car nous ne lui avions pas demandé ! » explique Sonia. « Nous avons le devoir de fournir les devis lorsqu’il y a un risque. Si le client demande s’il y a des devis, bien sûr nous les lui donnons systématiq­uement mais ici honnêtemen­t nous n’avons pas vu l’intérêt : c’était un petit montant et il y a des fissures comme ça sur toutes les maisons anciennes. Le problème est que le premier devis ne correspond pas à celui qui a été fait par la suite. Je pense que l’un des maçons leur a fait peur en leur donnant une note démesurée. Ce n’est pas notre rôle de faire peur. Je reconnais que c’est très compliqué et que c’est horrible pour eux si effectivem­ent la fissure s’est aggravée » , explique William Thiebot, directeur de l’agence Guy Hoquet de Vire.

La situation s’aggrave

« La situation pourrait être due à la canicule de 2015 suivie de pluie, cela a dû faire gonfler le mur, selon les experts » , souligne Sonia.

Lors de la dernière expertise, le 16 juin dernier, une partie du placo intérieur de la maison est démontée : « On a constaté que le mur s’écroulait de plus en plus, qu’il était gorgé d’eau et que le plancher de la maison menaçait de s’effondrer. C’était plus grave que ce que tout le monde pensait » . L’intérieur de la maison est alors étayé afin de maintenir le plancher. Deux pièces sont toujours inaccessib­les aux étages et une grande bâche recouvre le mur du salon. Le maçon ayant estimé le premier devis est présent et atteste que le mur n’était pas ainsi lors de sa venue en juin 2015. C’est un soulagemen­t pour Sonia : « Cela faisait des mois que nous nous sentions coupables de ne pas avoir vu cette fissure et nous apprenons enfin que la fissure n’était pas ainsi un mois et demi avant notre visite. Cela s’est donc aggravé rapidement. » « Nous n’avons jamais caché la fissure : elle était visible. Personne ne pouvait deviner qu’une fissure qui était là depuis des siècles pourrait devenir dangereuse. La maison a été habitée pendant des années sans qu’il n’y ait le moindre problème » , souligne William Thiebot.

Un couple en détresse

Aujourd’hui, le couple espère une réparation des préjudices subis : « L’agence nous a vendu une maison comme étant sans travaux alors qu’elle avait un devis en sa possession ! Que le devis s’élève à 500 € ou 5 000 €, elle devait nous le transmettr­e, c’est une dissimulat­ion de documents » , selon Sonia. « Ils ne se rendent pas compte qu’ils détruisent des vies. Cela fait sept mois que ça dure, ça empire, on n’en peut plus, on n’en dort plus la nuit. Dès que je rentre quelque part, la première chose que je regarde c’est le mur ! Chaque jour, j’espère que je ne vais pas voir au loin ma maison effondrée » , avoue Sonia, bouleversé­e.

Le couple attend maintenant que la protection juridique leur assigne un avocat avant qu’un expert judiciaire ne vienne trancher le différend.

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