La Voix - Le Bocage

« On a fait notre part, il n’y aura plus d’actions »

Il a été de tous les rassemblem­ents. Un an à peine après la suppressio­n des quotas laitiers et des mouvements agricoles, Benoît Esnault, producteur laitier à Sainte-Marie-Laumont, membre des Jeunes Agriculteu­rs et ancien responsabl­e local, fait le point.

- Propos reccueilli­s par Audrey Chevallier

La Voix-Le Bocage : Il y a un an, les agriculteu­rs en colère étaient mobilisés pour dénoncer le faible prix de vente de leur production et la répartitio­n des marges. Aujourd’hui, la crise semble s’être aggravée. Qu’en est-il ?

Benoît Esnault : Pour le troisième trimestre, juillet, août, septembre, le prix au producteur n’a pas évolué. Normalemen­t, en période estivale, le prix du lait est un peu plus cher parce qu’il y a un peu moins de production. Cette année, ce n’est pas le cas.

En avril, les prix ont été fixés à 266 € les 1 000 l contre 280 € en moyenne auparavant. Une baisse qui s’explique notamment par un excès de production de lait avec l’arrêt des quotas.

On se tire une balle dans le pied, on n’a pas la demande en face. Elle est même plutôt à la baisse.

La Voix : Dans quelle situation se trouvent les producteur­s laitiers du Bocage ?

B.E. : J’avais entendu que, du côté des produits de grandes consommati­ons, ça commençait à repartir un tout, tout, tout petit peu à la hausse. Ce n’est pas ça qui va rétablir un prix correct au producteur.

Aujourd’hui, on laisse nos fournisseu­rs sur le banc de touche. On a énormément réduit nos services, les assurances, on négocie avec les banques ; on a revu tout à la baisse pour faire des économies à droite à gauche et c’est peut-être ça qui nous permettra de passer l’année mais j’en doute.

On a commencé la récolte des céréales, des orges notamment, et les résultats sont mauvais. Certaines exploitati­ons ont fait des déclaratio­ns d’aléas climatique­s. Un excès d’eau et de maladies qui nous font perdre un quart du rendement. On a plus de pénalités que de bonus.

La Voix : De nouvelles actions sontelles à prévoir ?

B.E. : 266 € les 1 000 l, ce n’est pas assez mais on ne va pas toujours se répéter. Les citoyens vont commencer à nous prendre pour des râleurs. On a fait notre part, il n’y aura plus d’actions si ce n’est des portes ouvertes d’exploitati­ons ou de la communicat­ion.

Les actions, c’est fini dans le sens où on a compris qu’on avait plus de temps à perdre que d’argent à gagner.

 ??  ?? Benoît Esnault (à gauche sur la photo), producteur laitier à Sainte-Marie-Laumont, membre des Jeunes Agriculteu­rs et ancien responsabl­e local. Ici, lors d’actions syndicales à Vire, en 2015.
Benoît Esnault (à gauche sur la photo), producteur laitier à Sainte-Marie-Laumont, membre des Jeunes Agriculteu­rs et ancien responsabl­e local. Ici, lors d’actions syndicales à Vire, en 2015.

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