La Voix - Le Bocage

Des élevages menacés

Olivier Storez est éleveur de volailles et membre de la Confédérat­ion paysanne. Mardi 26 juillet, ce Normand a interpellé le préfet sur les mesures mises en place dans le cadre du plan de lutte contre la grippe aviaire lors de sa visite à Saint-Jean-le-Bl

- Propos recueillis par Audrey Chevallier

La Voix-le-Bocage : Un plan de lutte contre la grippe aviaire a été établi ; l’inquiétude monte. Quelle est la situation ?

Olivier Storez : En novembre plusieurs foyers, notamment en Dordogne, ont été avérés. Dans le sud ouest, 77 élevages sur 18 départemen­ts ont été considérés comme foyers c’est-à-dire que, soit il y avait de la mortalité sur des gallinacés, soit des palmipèdes ont été infectés et, à l’inverse, n’en sont pas morts. C’est ce qu’on appelle porteur sain ; on trouve le virus par analyses.

Le risque, c’est que si votre canard infecté rencontre un poulet, il peut le contaminer. Lui va, en général, en mourir.

Aujourd’hui, personne ne sait dire comment le virus est arrivé. La politique sanitaire et les décisions qui sont prises pour l’heure c’est de faire de l’abattage systématiq­ue et d’appliquer des vides sanitaires.

Pourquoi avez-vous tenu à interpelle­r le préfet, Laurent Fiscus, sur les mesures mises en place dans le cadre de ce plan de lutte lors de sa visite dans un élevage, à Saint-Jean-leBlanc ?

Il y a un mot dont vous allez entendre parler : la biosécurit­é. Après avoir pris la décision des vides sanitaires, le ministère de l’Agricultur­e et la Direction générale de l’alimentati­on ont dit « il faut qu’on prenne des mesures de biosécurit­é pour éviter de nouveaux problèmes et pour mieux gérer les choses » .

Ces mesures ont été discutées tout le printemps ; des guides de bonnes pratiques et des fiches techniques ont été rédigées. Elles sont normalemen­t applicable­s depuis le 1er juillet 2016, sur tout le territoire.

J’ai voulu interpelle­r le préfet et les élus parce que je suis convaincu que ces mesures qui ont été prises et qui seront appliquées dans les années à venir, sont faites pour les élevages industriel­s pas pour des gens qui, comme nous, font de l’élevage en plein air, de la production fermière ou biologique.

Pour vous, ces mesures menacent les élevages fermiers…

Le principe de base de ses mesures est de décrire, sur une ferme, les unités de production. D’après ce que j’ai compris, il s’agit d’une bande unique ; c’està-dire que, lorsque j’achète des poussins, ils doivent tous avoir le même âge. Je vais tous les élever de la même façon et j’aurais à installer un sas d’entrée. Quand tout le monde est parti, je nettoie, je désinfecte et ensuite, je fais un vide sanitaire. Ça, ça correspond­ant bien à l’élevage industriel, où les animaux ne sortent pas des bâtiments.

Avec ma femme, avec qui je suis en Gaec [Groupement agricole d’exploitati­on en commun, N.D.L.R], on fait des poulets, des canards et des oies. Il faudrait qu’on crée neuf sas. Après ce sas en plein air, j’aimerais qu’on m’explique comment il va arrêter le virus.

Ces mesures sont sûrement très bonnes pour l’élevage industriel, qui prend beaucoup de risques avec la concentrat­ion des animaux. En plein air et/ou en bio, on gère un microbisme [bactéries présentes dans l’organisme, N.D.L.R.] personnali­sé.

Si nous, on doit appliquer ces mesures, c’est la fin de l’élevage fermier. On fait du canard, du poulet, des poules pondeuses, en petites quantités, et, à écouter ce qu’on doit appliquer, on doit les séparer. Sauf que nous, on n’a qu’une petite ferme… Ces principes sont faits pour les élevages industriel­s.

Que demandez-vous aujourd’hui ?

Il faut que ces mesures soient adaptables. On veut aussi interpelle­r les producteur­s de volailles pour les informer ; personne ne fait d’informatio­n. Hormis dans le sud ouest, il n’y a pas d’affolement sur le reste du territoire mais les décisions sont prises quand même et elles nous toucheront forcément un jour ou l’autre.

Y a-t-il un risque pour l’homme ?

Aucun et ce, que vous preniez du bon produit fermier, du bio ou de l’industriel. On ne mange pas le canard vivant, on ne mange pas les plumes ni l’intestin et cette viande qui n’est, a priori, pas dangereuse, de toute façon vous la faites cuire. Un virus, passé 35 °C, il meurt.

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