La Voix - Le Bocage

L’enfance via des cartes postales

À l’occasion de l’exposition à la Porte-Horloge, rencontre avec Gisèle Lefranc, qui, avec ses milliers de cartes postales, retrouve un goût de son enfance à Vire. La ville d’avant le bombardeme­nt de 1944.

- Florian Hervieux Souvenirs d’enfance. « Naître et grandir dans le Bocage autrefois ». Exposition à la Porte-Horloge du 1er juillet au 18 septembre, du mardi au samedi de 14 h à 18 h. Entrée gratuite.

« Naître et grandir dans le

Bocage autrefois » . Le thème de l’exposition sied bien à l’enfance de Gisèle Lefranc, qui est née et qui a passé sa vie à Vire. Cette collection­neuse a, au cours des dernières décennies, amassé toutes sortes d’objets témoins de leur époque.

Si bien, qu’au sein de l’exposition visible jusqu’à mi- septembre, plusieurs de ces précieux souvenirs sont visibles dans les salles muséograph­iques de la Porte-Horloge. Les robes de baptêmes, les assiettes à bouillies pour bébés « avec le bec où l’on mettait de l’eau chaude

pour que le plat reste chaud » , ou encore les habits de nourrice. « À une certaine époque, les nourrices gardaient les bébés toute la semaine et les parents, qui pouvaient être commerçant­s à Vire, les repre

naient le week-end » , indique Gisèle Lefranc, qui a grandi rue Emile-Desvaux, devant l’hôpital et à côté de son école pour filles. Sa maison actuelle n’est à quelques centaines de mètres des lieux de son enfance.

« Nous habitions devant l’hôpital. Notre maison a été rasée en 1944. J’avais dix ans. Nous sommes partis juste avant les bombardeme­nts » , indique la collection­neuse.

C’est là l’origine de sa passion, la collection de cartes, commencée il y a quarante ans. « J’avais été enfant dans la vieille ville de Vire. Je voulais la retrouver par la carte postale » .

Longue parenthèse de six mois

Revenir dans la ville qui mettra des années à se reconstrui­re n’est pas une mince affaire pour une enfant de 10 ans. « Nous sommes allés vivre en campagne et nous sommes reve- nus six mois après. Pendant tous ces mois, notre mère allait à Vire en vélo et revenait en nous disant, à moi et ma soeur :’’On n’a plus rien mes pauvres bichettes, plus de jouets, plus de linges…’’ » .

Au retour à Vire, « il fallait poser des planches pour passer au-dessus des trous des bombes. On apprenait petit à petit le décès de personnes que nous connaissio­ns, même des camarades de classe » .

Corde à sauter sous les marronnier­s

Avec ses classeurs aux 3 000 cartes postales, Gisèle Lefranc ne se tarit pas sur la mémoire viroise. Les chantiers de la recontruct­ion, les baraquemen­ts provisoire­s, les départs au bal avec les taxis du centre-ville. Et surtout le Vire d’avant-guerre. Les rues de l’insoucianc­e. « J’ai joué à la corde à sauter sous les marronnier­s du parc de la place Saint-Thomas. Pendant les vacances, on allait en campagne avec la soeur Sainte-Agnès de Blon pour des promenades et du travail manuel » .

Mais, en campagne, après

la guerre, « il fallait se méfier car il pouvait rester des grenades… Avec ma soeur, nous restions dans notre cour pour jouer. Nous étions plutôt sages » .

 ??  ?? Gisèle Lefranc garde des souvenirs de jeux d’enfants dans le parc de la place Saint-Thomas, près du collège Maupas.
Gisèle Lefranc garde des souvenirs de jeux d’enfants dans le parc de la place Saint-Thomas, près du collège Maupas.
 ??  ?? La rue Emie-Desvaux, où habitait Gisèle Lefranc, sur une carte postale la représenta­nt bien avant le bombardeme­nt de 1944.
La rue Emie-Desvaux, où habitait Gisèle Lefranc, sur une carte postale la représenta­nt bien avant le bombardeme­nt de 1944.

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