Supermarchés : les agriculteurs repassent à l’offensive
Six mois après les manifestations et blocages routiers des agriculteurs, la conjoncture agricole ne s’est pas améliorée. Les JA et la FDSEA du Calvados souhaitent poursuivre leurs actions en lançant une campagne de communication.
La Voix-le-Bocage : Quelle est la conjoncture agricole actuelle ?
Patrice Lepainteur, président de la FDSEA14 : Les problématiques d’aujourd’hui sont les mêmes qu’hier. Toutes les filières sont dans le rouge. L’an dernier, des grandes actions ont été menées dans la filière de l’élevage et cette année, la crise agricole touche aussi la filière céréale.
L’agriculture est en crise. Audelà de l’aspect économique de la situation, il y a, en ce moment, des paysans qui souffrent et se trouvent dans une très grande détresse. Des solutions doivent être trouvées, on ne peut pas ne pas prendre en compte une situation aussi catastrophique.
Par rapport aux différentes manifestations menées l’an dernier, la situation at-elle évolué ?
Nicolas Declosmesnil, président des JA14 : Nous sommes dans la même situation que l’an passé. Suite aux multiples ac- tions qui ont été menées, l’État a tout de même admis un allégement des charges à hauteur de 4 000 € par éleveur, plafonné à trois éleveurs par exploitation. C’est une aide non négligeable mais qui ne nous a pas permis de couvrir nos charges très élevées. Les cours mondiaux nous laissent penser que la situation peut s’améliorer. Néanmoins, nos coûts sociaux et environnementaux sont beaucoup plus élevés que dans les autres pays. L’État a un rôle à jouer.
Au niveau du lait, il faut qu’il y ait une prise de conscience qui commence, peu à peu, à apparaître au niveau européen. Sur la viande, l’indication de provenance doit devenir obligatoire. En effet, 71 % des Français privilégient la qualité. Quant aux céréales, la situation ne va pas s’améliorer sur les cours.
C’est pour ces différentes raisons qu’agriculteurs et paysans souhaitent, plus que tout, un aménagement des charges ainsi qu’un étalement des dettes. Une régulation doit être mise en place pour aider à la maîtrise de la production.
Xavier Leroy, agriculteur installé depuis deux ans à Campagnolles : Avec mon frère, Romain Leroy, nous nous sommes installés sur l’exploitation depuis mai 2014, essentiellement en production laitière. Il y a deux ans, le prix pour 10 000 l de lait était fixé à 365 €, aujourd’hui, il est à 266 €, soit une différence de 100 € en seulement deux ans. Au total, c’est 50 000 € de perte sur un an pour notre exploitation. Des chiffres qui augmenteront peut- être l’année prochaine, on ne sait pas encore. Pour le moment et tant que la situation ne sera pas débloquée, nos projets restent suspendus.
Cédric Mette, agriculteur à Beaulieu : Le prix de la viande ne cesse de baisser. On nous avait promis une augmentation du 0,10 € par mois mais la promesse n’a jamais été tenue. On nous mène en bateau. Au départ, lorsque je me suis installé sur mon exploitation, une filière compensait l’autre. Actuellement, ni la viande, ni le lait, ni les céréales nous permettent de vivre décemment. Quelles actions comptezvous mener prochainement ?
Nicolas Declosmesnil, président des JA14 : Puisque les différentes manifestations et blocages routiers que nous avons menés n’ont pas abouti à une solution concrète et viable, nous avons décidé de mener une campagne d’affichage à destination du grand public. L’objectif étant de sensibiliser la population mais aussi un maximum d’élus. Quatre messages simples seront diffusés un peu partout, dans les lieux de passages : magasins, grandes surfaces, commerçants… Una campagne de communication qui sera mise en place dès cette fin de semaine et ce, dans cinq départements : la Manche, le Calvados, l’Orne, l’Eure et la Seine-Maritime.
On espère, avec cette action, attirer l’attention sur un message essentiel : consommer français, c’est aider les paysans.