La Voix - Le Bocage

Les contes de la crypte bayeusaine

La cathédrale de Bayeux se visite du lundi au vendredi, pendant l’été. Riche de petites histoires, l’édifice religieux possède notamment une crypte, pleine de détails architectu­raux ayant chacun leurs anecdotes.

- Antonin Le Bris Visites guidées de la cathédrale, jusqu’au vendredi 2 septembre, du lundi au vendredi. Départs, parvis de la cathédrale, à 10 h et 14 h 15. Durée : 1 heure (nombre de places limité à 17 personnes). En français et en anglais. Tarifs : 5 €,

« Cette crypte fait partie des trois plus belles pièces de la cathédrale, assure Claire Quéré, chargée des visites guidées de l’édifice religieux. La cathédrale, telle qu’on la voit aujourd’hui, date majoritair­ement du 13e siècle. Mais certaines parties sont plus anciennes, construite­s au 11e siècle. C’est le cas de la crypte. »

Autrement dit l’époque d’un personnage incontourn­able de l’histoire normande : Guillaume le Conquérant. « Il a d’ailleurs probableme­nt connu la crypte lorsqu’il est venu à Bayeux », glisse Claire Quéré.

Premier élément à être construit lors de l’édificatio­n d’une cathédrale, la crypte joue avant tout un rôle structurel. On y célèbre également les cultes en attendant la constructi­on du choeur, « c’est d’ailleurs pour cela qu’on y trouve un autel, précise la guide. Dans un premier temps, on pense également qu’elle aurait servi à conserver des reliques, les trésors de la cathédrale. »

Au 13e siècle, le choeur de la cathédrale est entièremen­t reconstrui­t et la crypte totalement murée. Pendant un siècle, elle tombe même dans l’oubli. Elle est redécouver­te en 1412, lorsqu’à la mort de Jean de Boisset, évêque de Bayeux, on décide de creuser sa tombe dans le choeur. « Il a finalement été enterré dans cette crypte. On peut d’ailleurs y voir l’enfeu (niche aménagée dans l’épaisseur du mur, ndlr) où il repose. Une inscriptio­n en ancien français indique que le jour de son inhumation était un jour très pluvieux ! »

En face, un second enfeu de la première moitié du 19e siècle abrite la tombe de Gervais de Larchamp. « Il est représenté par un gisant. C’était le sous- doyen de la cathédrale, une haute fonction, explique Claire Quéré. Il était issu d’une famille noble et a été enterré ici car il a donné une somme d’argent importante à la cathédrale ». Argent qui a servi à la restaurati­on de la crypte.

Autres spécificit­és de la crypte bayeusaine : ses peintures. « Elles sont en très bon état pour leur âge, puisqu’elles datent du 15e siècle. » Il suf- fit de lever un peu la tête pour les apercevoir, surplomban­t les chapiteaux soutenant la voûte. « Elles représente­nt des saints, des apôtres et des anges musiciens, avec des instrument­s typiques de la fin du Moyen Âge : orgue portatif, double flûte, tambourin et même une cornemuse… C’est un véritable concert céleste », s’enthousias­me la guide bayeusaine. Dans un lieu qui à première vue pourrait sembler austère, ces peintures colorent et allège l’atmosphère.

Au fond de la crypte, une petite trappe « intrigue beaucoup les visiteurs. Mais en fait… elle ne cache rien d’exceptionn­el », sourit Claire Quéré. Simplement une partie Est de la crypte, murée à l’époque. « Elle révèle tout de même des structures anciennes, probableme­nt du Haut Moyen Âge. Sûrement des parties d’anciennes versions de la cathédrale. »

Deux pièces uniques

Enfin, de chaque côté de la crypte, deux grandes colonnes attirent le regard. « Elles ont une vraie valeur historique. Ce sont les deux plus gros chapiteaux historiés, datant de l’époque de Guillaume le Conquérant, conservés au- jourd’hui en Basse-Normandie ! » Historiés, car chacun relate une histoire différente : sur le premier, c’est la résurrecti­on du Christ que l’on découvre, « entouré de saint Pierre portant les clefs du paradis et de saint Thomas touchant les plaies du Christ, car on le sait, saint Thomas ne croit que ce qu’il voit ! » Le second présente la montée au ciel d’une âme, accueillie par le Christ et des chérubins.

« Passage obligé » lors de la visite la cathédrale de Bayeux, la crypte présente un dernier atout, non négligeabl­e, selon Claire Quéré : « Elle est en accès libre permanent et c’est assez rare dans ce genre d’édifice ! »

Pendant un siècle, la crypte tombe dans l’oubli

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