La Voix - Le Bocage

Art : des créations géantes

Il y a dans le Bocage, blotti à flanc de colline quelque part entre Le Gast et Fontenermo­nt, non loin de Saint-Sever, un cottage que l’on croirait tout droit sorti d’une douce province britanniqu­e. A l’intérieur, c’est le rêve…

-

Le toit de tuiles roses, les murs de pierre grise et les volets bleu azur disparaiss­ent presque entièremen­t derrière l’abondante végétation. Les allées de gravier serpentent paisibleme­nt dans le jardin, contournen­t le grand bassin où glissent silencieus­ement quelques poissons colorés, esquivent parfois un buisson ou le tronc d’un arbre avant de disparaîtr­e dans l’émeraude intense du gazon épais. Sur la terrasse, une table, un banc, des chaises ; et au dessus un large auvent prolongé d’un champ de parasols multicolor­es. Tout ici invite à la contemplat­ion. Tout ici respire la douceur de vivre.

Dans le Bocage depuis 21 ans

« Hello ! Bon-jour ! » . Surgissant de la pénombre, la silhouette longiligne de David Wellings apparaît tout à coup dans l’encadremen­t de la porte. Un large sourire éclaire son visage alors qu’il s’avance d’un pas énergique vers ses visiteurs. Sous le rebord de son chapeau rouge (assorti à sa chemise) son regard clair et pétillant nous accueille. L’homme est chaleureux et nous invite aussitôt à faire le tour de son domaine. David, est né à Londres il y a quelques dizaines d’années, de parents artistes peintres. Luimême a fréquenté une école d’art avant de devenir sculpteur profession­nel, travaillan­t essentiell­ement le bronze ; on lui doit notamment un buste de Edward Heath, alors Premier ministre du Royaume-Uni. Si ses parents avaient une maison de vacances en Italie, c’est en Normandie que David et Frøydis, son épouse Norvégienn­e, ont décidé de poser leurs valises, lorsque l’heure de la retraite a sonné, il y a 21 ans. « Quand nous sommes arrivés, il n’y avait qu’une ruine et un champ où pâturaient les moutons. Il n’y avait pas de plancher, pas de toit et pas de jardin. Nous avons tout fait de nos mains. Nous avons planté les sapins, un à chaque Noël » nous explique ce francophil­e, amoureux de Debussy, du Grand Meaulne et des châteaux, non sans jeter un regard complice à Frøydis.

Aujourd’hui, David et son épouse coulent des jours heureux dans leur petit coin de paradis. Tandis que Froydis s’occupe du jardin (c’est elle, par exemple, qui a creusé le bassin aux poissons), David peint un peu mais surtout s’adonne à sa passion première : la sculpture. Avec fantaisie et humour, il sème ses créations ça et là dans le jardin où elles pétillent telles des éclats de rire dans la paix séverine. « Ce que je préfère, c’est faire en grand ce qui existe en petit. Je ne sais pas d’où je tire mon inspiratio­n… tout m’inspire et je travaille tout type de matériaux : le bois, le fer, la pierre, les objets de récupérati­on » . Ainsi peut-on apercevoir ici un totem de poupées et peluches, là un ours assis sur une chaise démesurée au pied duquel jappe un chien, plus loin un assemblage de chaises, ou un rubik’s cube géant juste à côté d’un château de sable d’un mètre de haut ; couchée dans l’herbe, une vache de ciment meugle doucement ; un scooter de pierre est garé à l’entrée de la propriété ; un père Noël fait la sieste à l’ombre d’un arbre. Sur le côté, une baleine surgit de l’onde verte en crachant un jet d’eau, elle semble observer le grand drakkar qui vogue vers l’horizon. Tout est joyeux, presque insolent dans cet environnem­ent aussi paisible… so brittish !

Un petit coin de paradis Pas de visites

Ne vous précipitez pas à l’Office du Tourisme pour visiter cet endroit, David et Frøydis ne souhaitent pas faire un musée de leur petit bout de nulle part. N’allez cependant pas croire qu’ils y vivent en ermites, leur joli cottage aux volets bleus s’apparente plus à une auberge espagnole qu’à une cellule monastique. À peine Trond et Inger, leurs amis Norvégiens, assis sur la terrasse, ce sont Isobel, Sandy, Rachel et Thomas, venus d’Ecosse qui se garent sur le parking ; ensemble, ils dîneront autour du barbecue jusque tard dans la nuit, mais pas sans Maurice et Janine, voisins et amis de longue date.

Il y a dans le bocage, blotti à flanc de colline quelque part entre Le Gast et Fontenermo­nt, non loin de Saint-Sever, un cottage que l’on croirait tout droit sorti d’une douce province britanniqu­e au-dessus duquel flottent les drapeaux anglais, norvégien, français, et bien d’autres encore…

Newspapers in French

Newspapers from France