« La ruralité se vengera si on ne se bat pas »
Avec 307 interventions longues et le dépôt de 1019 amendements cette année, le député Alain Tourret fait partie des bons élèves de l’Assemblée nationale. Le premier Ministre lui-même a qualifié le parlementaire normand, de meilleur orateur de l’hémicycle.
Qu’est-ce qui aura marqué votre année ?
Je retiendrais que Caen est sauvé. Je me suis battu lors de la réunification de la Normandie pour que les pouvoirs politique et administratif soient partagés entre Caen et Rouen. Je n’ai d’ailleurs pas été soutenu par les autres députés et sans moi, Caen n’existerait plus. Grâce à une bataille d’amendements Caen est la capitale régionale. Nous avons la direction des affaires culturelles, l’agence régionale de santé, l’inspection académique… Cela aura un poids énorme dans les futures années.
Politiquement vous êtes proche d’Emmanuel Macron ?
Pour moi, c’est un homme d’exception. Je l’ai rencontré souvent car j’étais rapporteur de sa loi ; C’est quelqu’un qui tranche complètement avec le reste du monde politique. Il a bien fait de démissionner sinon on l’aurait accusé d’utiliser les moyens de l’État à des fins personnelles. Je lui envoie tous les jours des notes sur tout un tas de sujets. On ira jusqu’au bout. Il faut savoir que 1000 personnes font partie de son mouvement dans le Calvados, c’est plus que chez les socialistes. On doit lui donner toute sa place.
Votre engagement au sein de l’Assemblée nationale ne se fait-il pas au détriment de votre circonscription ?
Un député est quelqu’un qui parle et qui écrit au sein du parlement. Je suis intervenu quasiment sur tous les grands discours. Le premier Ministre m’a dit que j’étais le meilleur orateur de l’Assemblée nationale. Sur 1019 amendements que j’ai déposés, 431 ont été adoptés. C’est un travail énorme. Il faut savoir que lorsque je fais 307 interventions longues, les autres députés normands comme Ni- cole Ameline en fait 10, Philippe Duron en fait 12. Cette année, je vais continuer mon travail sur la prescription pénale et mon rapport sur la fonction publique. Et les dossiers locaux ?
Je me bats pour que les services publics soient maintenus. Depuis 1850 dans chaque cheflieu de canton, il y avait une gendarmerie. Pour Saint-Sever, je réclame que 5 gendarmes soient présents tous les jours à heures fixes et un gendarme référent par commune pour savoir qui appeler. La gendarmerie ne veut pas en entendre parler. Mais il faut être dans un rapport de force. Il faut savoir que la commune de Saint-Sever était prête à mettre à disposition des locaux gratuitement. C’est incroyable de constater que la fermeture de la brigade a été annoncée alors que les travaux de rénovation se terminaient. Bernard Cazeneuve vient de me redire qu’il va venir. Je demande des États généraux de la ruralité. Si on ne se bat pas, la ruralité se vengera et la vengeance sera le vote FN, sachant que Saint-Sever arrive déjà en tête du vote FN.
Vous parlez de chef-lieu de canton, mais avec la réforme des collectivités, Saint-Sever n’est plus un chef-lieu de canton ?
C’est un argument très fort, mais la réforme ne doit pas se traduire par la disparition des services publics.
Que pensez-vous de la crise agricole ?
Je pense que nous devons payer le juste prix des bonnes choses. Les responsables ne sont pas les grandes surfaces mais les consommateurs. Les circuits courts sont une vraie solution ainsi que la préférence française.
Cette implication est-elle le signe d’une candidature aux prochaines législatives ?
Comme je l’ai dit la semaine dernière, je suis le candidat naturel. Nous prendrons la meilleure décision pour les habitants. Je constate que les autres candidats déclarés ont des paroles bien dures les uns envers les autres.