La Voix - Le Bocage

Pédiatrie : le malaise

Aucun pédiatre en libéral, plus d’urgences pédiatriqu­es… Dans une récente étude de l’UFC Que-Choisir sur la fracture sanitaire, la pédiatrie est, parmi les spécialité­s évoquées, la plus fragilisée dans le secteur de Vire.

- Florian Hervieux

La jeunesse du Bocage virois est bien mal lotie. Les mamans viroises sont déjà contrainte­s d’accoucher à plus de 30 kilomètres de leur domicile depuis la fermeture de la maternité. Et depuis 2012, selon la dernière étude de l’UFC Que- Choisir, c’est l’offre pédiatriqu­e qui s’est dégradée dans le Bocage virois.

C’est même ce que l’on peut qualifier un « désert médical » . Que Choisir parlant de « désert » lorsque la densité de profession­nels pour 100 000 habitants est inférieure d’au moins 60 % à la moyenne nationale.

Plus de pédiatre en libéral

Le constat est simple : il n’y a aujourd’hui aucun pédiatre en libéral à Vire. Le dernier d’entre eux ayant pris sa retraite il y a deux ans. Pour trouver un pédiatre en libéral, il faut se tourner vers Flers, Avranches… ou Caen.

Par défaut, les parents se dirigent plutôt vers un médecin généralist­e. Mais certains ne désespèren­t pas dans leur quête d’un médecin spécialisé dans les maux des bout-de-choux.

« Un généralist­e a moins de temps »

« Je trouve qu’un méde- cin généralist­e fait le minimum, les pédiatres poussent beaucoup plus leurs consultati­ons » , considère Charlène, maman viroise qui a eu un petit garçon en juillet. Après un premier mois de suivi chez une sage-femme, chaque enfant doit être ausculté mensuellem­ent par un médecin pour vérifier son poids, sa taille…

« En allant chez le médecin traitant, j’avais beaucoup de questions, mais j’ai senti que c’était du rapide » , poursuit-elle. La famille cherche aujourd’hui un pédiatre et devrait se diriger vers Caen pour trouver un spécialist­e.

« Un médecin généralist­e a moins le temps » , confirme une profession­nelle de santé. « Un pédiatre passe tout ce qui concerne le développem­ent de l’enfant en revue : allaitemen­t, sevrage, pleurs, coliques… »

Une demi-journée par semaine à l’hôpital

À Vire, pour trouver un pédiatre, il faut se rendre à l’hôpital, le mardi. Une permanence y est assurée pendant une demijourné­e par le Dr Abou Saleh. « Peu de gens savent qu’il y a une consultati­on à Vire » , indique cette dernière, basée au centre hospitalie­r de Flers et qui travaillai­t auparavant au sein de la maternité viroise.

Aujourd’hui, elle n’a pas le temps de proposer de créneau supplément­aire, d’autant que l’hôpital de Flers est aussi en recherche de pédiatres. « Nous assurons du suivi ordinaire et nous recevons également sur prescripti­on du médecin généralist­e quand il ne peut plus prendre en charge ».

Un transport pour les urgences

Pour cette pédiatre, la situation s’est bien dégradée ces dernières années. « Je pense qu’il y aura de moins en mois de pédiatres en ville surtout dans les petites villes… » , indiquet-elle.

D’autant que « les quotas dans les université­s n’augmentent pas » . Et de son point de vue, certains pédiatres préfèrent le milieu hospitalie­r, « où l’on y a plus recours à l’examen complément­aire. D’autant qu’en libéral, un pédiatre ne gagne pas tellement plus qu’en milieu hospitalie­r » .

Autre hic pour la pédiatrie viroise, les urgences pédiatriqu­es n’existent plus à Vire depuis la fermeture de la maternité, avec le risque de prises en charge parfois inadaptées.

« Avant, il y avait un pé- diatre 24 h sur 24 à Vire. Désormais, il faut aller à Flers ou Saint-Lô. Le transport des enfants malades ne fait parfois pas de bien… » avoue-t-elle.

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 ??  ?? Dans cette carte actualisée par Que-Choisir avant l’été, la pédiatrie viroise apparaît dans le rouge. Une situation propre à tout le sud de l’ex Basse-Normandie. (capture d’écran quechoisir. org).
Dans cette carte actualisée par Que-Choisir avant l’été, la pédiatrie viroise apparaît dans le rouge. Une situation propre à tout le sud de l’ex Basse-Normandie. (capture d’écran quechoisir. org).

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