Racisme : elle dénonce
À 17 ans, une Viroise à la peau noire fait face aux réflexions inappropriées et aux regards insistants. Sa grande soeur, inquiéte de voir ces comportements se banaliser, appelle à la tolérance et au respect.
Depuis quelques semaines déjà, Anne* a changé ses habitudes. La raison paraît anecdotique pour beaucoup : elle est noire. Pourtant, cela semblait déranger quelques abonnés de la salle de sport où elle s’était inscrite avec plusieurs amies du lycée. Sur elle, parfois, des regards très insistants. Pire, certains se disaient incommodés par son odeur.
Sa grande soeur, Claire**, profondément choquée par ce que vient de vivre Anne, s’inquiéte de voir ces comportements se banaliser et appelle aujourd’hui à plus de respect. « Ça paraît anodin mais il y a
quelque chose qui cloche » , note- t- elle sans remettre en cause la responsable de la salle. « Elle n’avait pas envie de perdre ses habitués, je comprends. Personnellement, je ne pouvais pas rester sans rien dire. »
Couleurs et amalgames
À 26 ans, la jeune aide-soignante voit peu à peu les gens se renfermer et tout mélanger. « Avec les attentats et tout ce qui se passe avec les migrants, j’ai l’impression que c’est de pire en pire. » Une question la tourmente : « Est-ce que les gens vont devenir de plus en plus racistes, de plus en plus fermés ? »
Si Claire a la peau blanche, ce n’est pas le cas de sa jeune soeur de 17 ans. Son petit frère, lui, est métis. Dans cette famille recomposée, le respect et la tolérance sont des valeurs clés.
« Je parle pour les familles noires mais aussi pour les Asiatiques, les musulmans… Ils ont dû être victimes de ça. » Ça, ce sont ces mots, ces attitudes, aussi blessantes qu’inappropriées. « Un jour, dans une soirée, quelqu’un m’a simplement dit que mon frère n’aurait jamais dû naître » , rapporte-elle encore choquée. « Quand on est humain, il y a des choses qui ne se disent pas. »
Faire avec
Prenant son rôle d’aînée de la famille particulièrement à coeur, Claire a appris à défendre la fratrie face à certains individus. « Souvent, je leur demande ce qui les dérange vraiment et c’est là que je me rends compte que tout est mis dans le même sac. »
Un autre jour, une autre réflexion. « On m’a dit que ma belle-mère, qui est noire, n’avait rien à faire en France. C’est plus heurtant pour moi parce que, pour elle, entendre cela est devenu une habitude. Elle a appris à faire avec. » Faire avec, Claire n’y arrive pas. Mieux, elle s’y refuse. « Je n’arrive pas à comprendre. »
53 ans après le célèbre discours de Martin Luther King, appelant solennellement à la fin du racisme, la jeune viroise rêve de vivre ensemble et d’humanité. « Heureusement, tout le monde n’est pas à mettre dans le même panier » , sourit-elle enfin, conseillant tout de même une relecture collective de la déclaration universelle des Droits de l’Homme. *Prénoms d’emprunt ** Pour protéger sa jeune soeur et son petit frère, elle a souhaité rester anonyme
« Il y a quelque chose qui cloche »