Prix Bayeux-Calvados : le public touché par le drame des migrants
Le photoreporter grec Yannis Behrakis a été plébiscité par le jury professionnel comme par le public pour sa série de clichés sur les réfugiés. Particulièrement ému lors de la soirée de remise des prix samedi, il a été longuement ovationné par la salle.
Cinquante grands reporters se sont réunis à Bayeux vendredi et samedi pour délibérer. Pour le président de ce jury international, Jean-Claude Guillebaud, « le résultat final est formidable. Le Prix offre un regard panoramique sur notre profession. C’est ce qui le rend si unique et si précieux » .
Nouveau prix, nouveau présentateur
Samedi, lors de la soirée de clôture, onze prix ont été décernés. Dont un nouveau, le prix de l’image vidéo, qui récompense le travail des cameramans. Il a été remis au Français Roméo Langlois, pour le reportage « A l’assaut du califat », tourné en Syrie et diffusé sur France 24.
Autre nouveauté : l’arrivée du journaliste Nicolas Poincaré à la présentation. Avec un style complètement différent de son prédécesseur, Lucas Menguet. Un style plus dans l’humour, plus incisif aussi, qui a plu à certains et déplu à d’autres.
« La guerre est venue à moi »
Dans la matinée, le public a voté pour son reportage photo préféré. Il a plébiscité le même journaliste que le jury professionnel. Une série de clichés consacrés à l’arrivée de réfugiés en Grèce par la mer que le journaliste grec de 55 ans, Yannis Behrakis, a intitulé « Les persécutés ». La photo qui symbolisera la prochaine édition du Prix sera donc l’une des siennes.
« Je cours de guerre en guerre et à chaque fois que je reviens, j’ai l’impression de rentrer au paradis. Mais là, la guerre est venue à moi. C’est une véritable catastrophe mais j’ai également vu l’humanité. Des gens du monde entier sont venus faire du bénévolat, donner de l’argent, des jouets, de la nourriture… C’est un formidable message d’espoir » , témoigne- t- il sur scène. Particulièrement ému, le journaliste de l’agence Reuters a annoncé qu’il fera don de son prix du public à Médecins sans frontières, soit 3 000 euros. Ce qui lui a valu une standing ovation des 1 500 personnes pré- sentes sous le chapiteau.
J-.L.D. met les pieds dans le plat
Cette question des réfugiés, qui a touché le public comme les journalistes, a été abordée par le président du conseil départemental, Jean-Léonce Dupont, dans son discours d’entrée. Des propos qu’il savait choquants pour certains, surtout en pareil événement, mais qu’il a tenus sans ciller : « Nous sommes très probablement au début de flux migratoires extraordinai- rement importants. L’Europe ne peut pas être dans le nonaccueil. Mais nous avons aussi en France des tissus sociaux qui connaissent d’énormes fragilités. […] Au risque de choquer quelques-uns d’entre vous, ma question porte sur cette nécessité d’accueil et notre capacité à la réaliser dans les meilleures conditions. Il me semble que nous devrons peut-être remettre en cause certains de nos points de vue et de nos façons d’agir » .