La Voix - Le Bocage

Un médecin urgentiste suspendu après le décès d’un nourrisson

Vendredi 30 septembre, un médecin urgentiste de La Ferté-Macé a été suspendu de ses fonctions par la chambre de discipline de l’ordre des médecins de Basse-Normandie : une surdose de Doliprane avait entraîné la mort d’un bébé en 2015.

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L’hôpital fait partie du groupement hospitalie­r de territoire Les Collines normandes, regroupant les établissem­ents de Vire, de Flers et de Domfront/La Ferté-Macé.

Nos confrères de l’hebdomadai­re Le Point révèlent mardi 11 octobre une affaire remontant à juin 2015. Après le décès d’un bébé, un médecin urgentiste travaillan­t à La Ferté-Macé vient d’écoper d’une interdicti­on d’exercer d’un an dont six mois avec sursis.

L’enfant, âgé de 5 mois, s’est vu prescrire une surdose de Doliprane, un médicament censé traiter les douleurs d’intensité légère à modérée et/ ou des états fébriles. Pour l’heure, la condamnati­on peut faire l’objet d’un appel ; elle ne prendra effet qu’au 1er janvier 2017.

Le médecin aurait hésité

Dans la nuit du 4 au 5 mai 2015, le médecin urgentiste assurait une garde de régulation pour le centre d’appel du 15 d’Alençon lorsqu’à 3 h 30, il reçoit l’appel d’une femme dont le nourrisson présente une forte fièvre et une respiratio­n rapide. Son assistant s’était assuré que l’enfant n’avait pas déjà pris du Doliprane et qu’il ne souffrait pas de convulsion­s. Le médecin a alors pris le relais et préconisé à la mère de donner du Doliprane et un bain tiède à l’enfant, et de l’emmener aux urgences si les symptômes persistaie­nt.

Au moment de préciser à la mère la dose à administre­r, le médecin aurait hésité, parlant d’une cuillère à soupe, puis à café, puis deux… Hésitant, le médecin oublie de questionne­r la maman. Des détails importants.

L’enfant était en effet né prématurém­ent à 35 semaines et un rappel de vaccinatio­n réalisé la veille avait révélé un souffle au coeur. Le lendemain, le 5 mai 2015, l’enfant sera hospitalis­é dans un état comateux et décédera quelques semaines plus tard, fin juin.

Des détails importants

Si la plainte pénale des parents a été classée sans suite par la justice, la plainte de l’Agence régionale de santé de Normandie devant l’Ordre des médecins, a abouti à des poursuites.

Appelé à comparaîtr­e, samedi 17 septembre, la chambre de discipline du conseil régional de l’ordre des médecins de BasseNorma­ndie a rendu sa décision vendredi 30 septembre.

Celle-ci a en effet jugé que l’interrogat­oire de la mère fait par le médecin avait été « insuf- fisant » . « Il n’a, de ce fait, pas été à même de porter un diagnostic pertinent de l’urgence » , a jugé la chambre de discipline.

A ses yeux, la prescripti­on approximat­ive de médicament­s et « l’omission de toute diligence tendant à garantir un suivi médical, éventuelle­ment hospitalie­r » constituen­t des manquement­s graves aux obligation­s du médecin régulateur du Samu dans l’élaboratio­n du diagnostic, les soins et la prescripti­on.

6 mois de suspension

Le médecin urgentiste, qui officie également en tant que généralist­e, écope d’une interdicti­on d’exercer d’un an, dont six mois avec sursis. Cette condamnati­on est également assortie d’une « injonction de formation dans le domaine de la régulation médicale » .

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