La Voix - Le Bocage

« Venez, soutenez-nous, on a besoin de vous »

Fin août, d’importants travaux ont commencé sur la place du Dr Jean Maugeais. S’ils doivent prendre fin d’ici une quinzaine de jours, ils ont occasionné une importante gêne pour les commerçant­s qui ont besoin, plus que jamais, de leur fidèle clientèle.

- Laura Baudier

Le Bény-Bocage. Depuis le début des travaux de voirie sur la place du Dr Jean Maugeais, début août, les commerçant­s sont unanimes de la commune déléguée de Souleuvre-en-Bocage : ils notent une baisse significat­ive de leur chiffre d’affaires.

Certains d’entre eux connaissen­t même une baisse de 50 % de leur chiffre d’affaires par rapport à octobre 2015, à l’instar de la fleuriste de la commune qui a même dû baisser son stock de fleurs : « J’avais trop

de pertes » , explique- t- elle. « C’est la première fois en dix ans que j’enregistre une telle chute. Les gens ne veulent pas faire un petit détour, alors ils vont ailleurs.

J’ai hâte que ça s’arrête » , ajoute-t-elle.

« J’entends des gens qui disent que maintenant ils vont acheter leur pain à Caen en sortant du travail car à Bény ils ne peuvent pas se garer mais il y a de la place au niveau de la gendarmeri­e, de l’école, de la maison de retraite, ce n’est pas non plus le bout du monde » , selon Michel de la Cave du Bénit, qui enregistre une baisse de 15 % de son chiffre d’affaires par rapport à octobre 2015. « J’ai ouvert dimanche, clairement je n’aurais pas dû » , ajoute-t-il.

Une baisse du chiffre d’affaires

Cet avis est partagé du côté

de l’épicerie également : « Il y a quand même des parkings de disponible­s : à l’église, en face du PMU, à la gendarmeri­e, mais les gens ne veulent pas marcher… Aujourd’hui, il n’y a pas eu un seul client

par exemple » , précise Bernard Lemonier, le mari de l’épicière.

Et il est vrai que la déambulati­on à travers le bourg est pour le moins solitaire…

On rencontre toutefois des clients mais ils sont si rares qu’ils peuvent se compter sur le doigt de la main ! « Il est temps que ça s’ar

rête » , confie-t-on du côté de la boulangeri­e Aux délices de Bény. Même constat pour la seconde boulangeri­e, tenue par Fabienne et Cyril Marais depuis trois ans :

« Nous avons connu une baisse de notre chiffre d’affaires de 40 % en septembre, on a hâte que ça se termine, nous avons moitié moins de clients que d’habitude alors on jette beaucoup car nous vendons des produits frais. » « Les gens vont revenir quand ils vont pouvoir stationner » , selon une cliente venue acheter son pain.

« Car aujourd’hui, c’est vrai qu’on réfléchit à deux fois, même pour aller au Dr on se pose la question de comment

on va faire » , ajoute-t-elle. Malgré un nouveau mobilier et de nouvelles peintures, le Bar de la Poste, repris en juin 2015 par Kévin Vanhée et Sabrina Gillette connaît une baisse de 25 %

de son chiffre d’affaires depuis

la semaine dernière. « C’est une mauvaise année pour nous : il y a eu des travaux au Pont du Taureau qui ont occasionné un passage beaucoup plus faible et maintenant à Bény tout est bloqué. Ce n’est pas compliqué : il n’y a pas de passage et si pas de passage, pas de clients ! »

Un impact disparate

Tous les commerçant­s du bourg ne sont toutefois pas impactés de la même manière.

A Bény Coiff, par exemple, « on ressent un peu en début de semaine mais ici surtout c’est surtout rendez-vous donc les gens viennent exprès. » Idem

chez Vet’Isa : « Même si je note une baisse de 14 % de mon chiffre d’affaires, je ne suis pas la plus impactée. Dans ma boutique, les gens viennent s’ils ont le temps. » « Moi j’ai peur que les travaux durent » , confie une cliente.

Quant à Jean- François Hélaine, charcutier-traiteur installé

depuis 19 ans sur la commune,

il note « une petite baisse de fréquentat­ion en milieu de semaine mais c’est différent chez nous car les gens prennent pour deux ou trois jours. Mais on était pour les travaux à 100 % ! Il fallait un coup de renouveau, on est très heureux d’avoir un nouveau bourg, on savait qu’on allait souffrir. »

Des travaux nécessaire­s

Et c’est bien le sentiment qui ressort chez les commerçant­s : ils ne sont pas contre les travaux, qui étaient nécessaire­s selon l’avis de tous.

« Les commerçant­s ne sont pas mécontents mais perturbés.

Les gars font leur boulot, les travaux se font et se font bien, ils sont hypers compétents. Le maire de Souleuvree­n- Bocage a bien fait son travail : nous avons eu deux réunions et une réunion avec les riverains. De toute façon,

peu importe la période, les travaux auraient occasionné une gêne dans tous les cas et les travaux il faut les faire de toute façon » , selon Michel de La Cave du Bénit. « Le bourg sera bien aménagé après » , selon Bernard Lemonier. « Mais là, maintenant, on

attend le soutien des clients » , ajoute Michel. Et c’est bien le message que les commerçant­s, à l’unanimité, veulent faire passer à leurs clients : venir malgré (et peut-être même surtout !) les travaux.

« Pensez qu’on est ouvert ! Ce n’est pas parce qu’il y a des travaux que nous sommes fermés » , souligne Patricia Besnard, installée depuis 19 ans dans son salon de coiffure.

« On attend de la clientèle qu’elle vienne nous soutenir, si elle ne vient pas ça nous fra- gilise, il suffit parfois d’une poussière dans l’engrenage pour qu’un magasin ferme. Si un commerce est déjà dans une situation délicate, ça peut aller vite pour qu’il chute complèteme­nt et qu’il ferme, ça s’est déjà vu. C’est l’effet domino.

Alors, venez, soutenezno­us, on a besoin de vous et maintenant, justement en ce moment ! Au lieu d’aller acheter votre pain à Caen en sortant du boulot, venez l’acheter ici à la boulangeri­e si vous voulez que les petits commerces de proximité continuent et longtemps. Un bourg comme le nôtre a besoin de ses clients afin que tous les artisans et commerçant­s puissent rester ouverts » , explique Michel de la Cave du Bénit.

Une peur

Une peur semble toutefois planer : que les consommate­urs aient pris leurs habitudes ailleurs… « On espère que les gens vont revenir » , confie Fabienne Marais. « J’ai peur que les gens perdre l’habitude de venir » , souligne Isabelle Bouchard, de Vet’Isa. « Il faut que les gens reviennent dès la fin des travaux » , estime Kévin Vanhée. Pour la fleuriste, il faut « faire quelque chose qui attire les gens après les travaux. » L’idée est lancée !

Venir malgré les travaux

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Les travaux de la place du Dr Jean Maugeais ont occasionné une baisse significat­ive du chiffre d’affaires des commerçant­s de la commune.

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