Pauline Sales autopsie un corps social disloqué !
La nouvelle pièce de Pauline Sales, codirectrice du théâtre du Préau, Centre dramatique régional de Vire, pose d’emblée, dans son titre même, une question existentielle : « J’ai bien fait ? ». Autrement dit ai-je bien agi, au sein d’un corps social en forte tension ? Une question sans échappatoire !
En signant cette deuxième mise en scène, Pauline Sales reconstitue le duo Anthony Poupard et Hélène Viviès, réunit dans sa précédente création « En travaux », grand succès public et critique de la saison 2012-2013. Les deux complices sont entourés d’Olivia Chatain, comédienne permanente du théâtre du Préau et de Gauthier Baillot, qui a joué dans une pièce de Pauline Sales, « L’Infusion », mise en scène par Richard Brunel, en 2009.
Autopsie du corps social
Le théâtre de Pauline Sales est délibérément dérangeant. Il dissèque les questions qui agitent le corps social. Et ça saigne ! Tout en pratiquant une autopsie médico- légale, l’auteure sonde la vessie du corps social, en prélève les urines pour une analyse toxicologique. À des fins thérapeutiques ? Scientifiques ? Politiques ? Au public de mener l’enquête…
Sous son regard acéré, que prélève-t-elle, pour nouer l’intrigue de sa pièce, parmi les figures qui agitent le corps social ? « Valentine, une femme âgée de 40 ans, professeur de lettres, qui traverse une crise. Elle s’interroge sur sa responsabilité de femme, de mère, de professeur, de citoyenne. Mais aussi sur son époque et sa génération » , répond Pauline Sales.
Atmosphère post-attentats
Et l’histoire se corse, quand, au cours d’un voyage scolaire à Paris, elle décide d’abandonner sa classe de 3e, composée de 27 élèves…
D’autres personnages sont plongés au coeur de l’action. Le frère de Valentine, artiste plasticien, qui évolue dans un milieu fragilisé. Le mari de Valentine, biologiste moléculaire de l’ADN, toujours amoureux de sa femme. Une ancienne élève, devenue femme de ménage, etc. Le tout baignant dans une atmosphère marquée par les attentats du 13 novembre 2015, qui ont ensanglanté Paris et Saint-Denis.
Les différentes phases de l’action se déroulent dans un atelier d’artiste, encombré de traversins. Un clin d’oeil à une oeuvre d’Annette Messager, composée d’une multitude de polochons. Les souvenirs d’enfance surgissent alors : le confort moelleux, le nid douillet, mais aussi les batailles de polochons et soudain surgissent de violentes ruptures de ton… Une avantscène permet de privilégier un rapport de proximité avec les spectateurs.
Le théâtre de Pauline Sales n’est pas un théâtre du divertissement. Étymologiquement, un divertissement est ce qui détourne une personne de l’essentiel. Au contraire, l’auteure met les pieds dans le plat ! Avec un humour acide et grinçant, parfois. Grand reporter de l’intime traversé par le monde, le théâtre de Pauline Sales nous concerne tous.
Le mardi 15, mercredi 16 et jeudi 17 novembre à 20 h 30 au théâtre du Préau, centre dramatique régional de Vire. Tarif plein : 15 €.