Le livre des évangiles a 1 000 ans et va être restauré
L’un des plus vieux documents du patrimoine écrit de la Manche, de la fin du Xe ou plus probablement du XIe siècle : l’Évangéliaire dit de Mortain, va être restauré.
Constatant la dégradation du document, les Archives départementales et la mairie de Mortain-Bocage ont décidé d’entreprendre un travail conjoint de restauration et de valorisation de l’Évangéliaire. La signature d’une convention entre le conseil départemental de la Manche et la mairie de Mortain-Bocage a eu lieu le samedi 19 novembre afin d’officialiser cette collaboration.
Un livre de dix siècles
Le document, datant de l’époque romane, fait partie des collections des Archives départementales, qu’il avait intégrées vers 1853. Il s’agit d’un petit volume (23,5 cm x 16 cm), manuscrit sur parchemin et enluminé, de 118 feuillets. Cet ouvrage a beaucoup souffert du temps. Il ne contient plus que les évangiles de Matthieu, Marc et Luc. Seul le portait enluminé de Marc a été conservé dans cet ouvrage. À la fin de l’ouvrage a été collationnée une copie du XVIe siècle des statuts du chapitre de la collégiale de Mortain.
Ce document a été prêté dans les années 1930 à la Bibliothèque nationale de France, pour y être restauré car il était déjà abîmé. Ce prêt l’a protégé de la destruction des Archives départementales de juin 1944. Après restauration, il a été exposé à la Bibliothèque nationale en 1954, puis a réintégré les collections départementales.
À partir de 1957, ce document a été exposé chaque été à Mortain. Après 1958, ce prêt saisonnier a fonctionné plusieurs années, puis l’Évangéliaire est resté en continu sur place.
Patrimoine à sauvegarder
L’Évangéliaire présente un état de conservation inquiétant : des moisissures ont pu se développer, l’humidité a déformé ses pages de parchemin, les écritures sont extrêmement pâles.
Il a donc été convenu avec la municipalité de MortainBocage de mettre en place un programme de restauration et de valorisation. Ce programme, détaillé dans ladite convention, prévoit la réintégration de l’Évangéliaire au sein des collections des Archives départementales, des travaux de restauration de l’ouvrage, la réalisation d’un facsimilé et l’accompagnement de la commune de Mortain-Bocage pour des opérations de valorisation.
Ce programme a été approuvé par le conseil municipal de Mortain-Bocage le 25 mai 2016 et par le conseil départemental lors de la commission permanente du 17 octobre 2016.
Sauvé des bombardements
« Ce qui a sauvé ce document, notait Philippe Bas, le président du conseil départemental, c’est qu’il n’était plus aux Archives départementales de Saint-Lô en 1944 lors des bombardements, mais à Paris pour, déjà, être restauré » . Ce rendez-vous à Mortain a été l’occasion pour Philippe Bas de rendre hommage au directeur des Archives départementales et aux archivistes « pour le fabuleux travail qu’ils réalisent » à tel point que « les Archives départementales disposent aujourd’hui d’un fonds digne de ce qu’il était avant les bombardements de 1944 » .
Hervé Desserouer, maire de Mortain- Bocage, soulignait pour sa part que « les Mortainais sont très attachés à leur patrimoine » et qu’il est donc « important qu’ils puissent en disposer dans les meilleures conditions possibles » . L’élu notait aussi que le livre restauré ou le fac-similé pourra permettre de développer des actions culturelles à Mortain-Bocage autour de ce document exceptionnel.
Enfin, Jean- Baptiste Auzel, directeur des Archives départementales, notait que l’intitulé du document, « Evangéliaire » , était… « un abus de langage » car, a-t-il expliqué, « un évangéliaire est un livre de grand format qui permet de faire la lecture des évangiles pen- dant l’office et dans l’ordre de lecture, alors que là ils sont dans l’ordre canonique » . Pour autant, on continuera à l’appeler l’Evangéliaire dit de Mortain.