La Voix - Le Bocage

Charlotte Noyelle ou l’éclatante liberté

À l’occasion des 5 ans de la Galerie Art & Déco, Les Ateliers Charlotte Noyelle & La Compagnie Théâtrale Junior accueiller­ont les visiteurs samedi 26 et le dimanche 27 novembre de 14 h à 19 h. Nous sommes partis à la rencontre de Charlotte Noyelle.

- Laura Baudier

Le Bény-Bocage. Insatiable, boulimique de travail, Charlotte Noyelle, érudite à la soif intarissab­le de connaissan­ces, passionnée par l’Art, sous toutes ses formes, est en perpétuell­e recherche.

On le sent d’emblée : ça fourmille dans la tête de cette artiste prolifique ! Plasticien­ne scénograph­e, créatrice de photograph­ies, de laques, de peintures, de gravures, d’installati­ons éphémères végétalisé­es, elle anime également des ateliers théâtre, écriture, arts plastiques, périscolai­res.

Arrivée dans le Bocage il y a maintenant 23 ans, cette fille de militaire a décidé de se consacrer pleinement à ce qui l’anime au plus profond : la création. En 2011, elle crée la Galerie Art & Déco, trois ans plus tard, La Compagnie Théâtrale Junior : « Ce sont deux activités complément­aires et qui fonctionne­nt bien ensemble » , explique l’artiste.

« Une enfance incroyable »

Née à Saint-Germain- desPrès, en pleine effervesce­nce artistique, son père lui transmet l’amour de la peinture : « Mon père avait un don pour la peinture, moi je n’en ai que le goût, il faut que je travaille beaucoup. Mais j’ai le même plaisir et la même ténacité que lui quand je peins » , explique Charlotte Noyelle. Sa maman l’emmène souvent à l’opéra, et surtout elle lit beaucoup : « Elle m’a initiée à la lecture, elle me lisait des livres tous les jours » , explique celle qui ne passe pas une journée sans lire ni un matin sans découvrir un nouveau poème.

« J’ai eu une enfance incroyable, des privilèges, que j’essaye de rendre aujourd’hui, d’apporter aux enfants ici » , avoue tout en pudeur Charlotte Noyelle. Elle perd ses parents très tôt, elle en évoque aujourd’hui le souvenir avec tendresse et garde en elle leurs traces par l’amour de l’art qu’ils lui ont transmis.

Son enfance est ponctuée par des passages en Normandie, à Sainte-Marie-Laumont exactement, où sa famille maternelle possède une maison.

Premier Prix du Cours Simon

Elle commence la danse classique à 4 ans, donne son premier spectacle à 5 (à la salle Pleyel !), mais des problèmes de santé l’obligent à arrêter à 15 ans. « Je suis alors rentrée dans le théâtre par défaut et puis ça m’a bien plus » . Un défaut dans lequel elle excelle puisqu’elle sort du célèbre Cours Simon en 1977, à 20 ans, Premier Prix en poche. Elle y côtoie Bacri, Cluzet, Martin Provost, etc.

Elle réalise très vite que ce qui la passionne réellement c’est la mise en scène, la scénograph­ie, « aider les autres à créer, mettre les autres en valeur » . « En sortant de l’école j’ai refusé toutes les propositio­ns qu’on m’a faites, j’ai monté ma propre compagnie, qui a duré deux ans, pour être indépendan­te » .

Charlotte se lance ensuite dans une Maîtrise d’Arts Plastiques à la Sorbonne, elle y apprend au moins une dizaine de techniques.

Aujourd’hui plasticien­ne aux multiples facettes, elle aime à travailler sur des supports variés et avec des techniques diverses et surtout à les faire vivre ensemble. Elle travaille aussi bien sur pierres, bois, soie, papier. Dans sa galerie, installée dans l’ancienne école du Bény-Bocage et ouverte toute l’année, on peut y découvrir gravures, peintures, laques, estampes, photograph­ies (notamment urbaines), foulards de soie, dentelles et cartes de voeux. Les ateliers de gravure et de calligraph­ie chinoise accueillen­t amateurs et profession­nels. « J’ai besoin d’apprendre de nouvelles techniques en permanence » .

Des jobs prestigieu­x

En 1984, alors âgée de 27 ans, elle devient directrice artistique du magazine Que Choisir puis travaille à Bouygues pendant deux ans et demi.

Elle va ensuite alterner travail alimentair­e et création. En 1992, elle expose ses gravures au Musée d’Histoire naturelle ( Paris) : « C’est la première fois où j’ai été connu après une exposition » , souligne-telle. Elle animera également des radios libres à Paris.

Parmi ses différents jobs, celui de chargée de communicat­ion des manifestat­ions culturelle­s à la présidence de l’Assemblée Nationale en 1993 mais « j’ai saturé du milieu politique » . Ce sera le déclic pour quitter Paris, et puis « mon atelier de Montmartre était devenu trop petit. » .

Le débarqueme­nt en Normandie

À 36 ans, en 1993, elle débarque à Sainte-Marie-Laumont. Elle installe son atelier de gravures dans la maison familiale avant que la Drac ne lui attribue un atelier à Langrune-surMer où elle animera également un atelier théâtre adultes. Elle décide de revenir à Sainte-MarieLaumo­nt, la troupe la suit pen- dant sept ans et se baptise « Le Théâtre des Rairies » .

Depuis 1998, Charlotte Noyelle anime un atelier d’écriture, une fois par semaine, à Caen : « Tout est en lien car les textes écrits sont ensuite utilisés par les enfants au théâtre. Cet atelier permet de faire se rencontrer des gens qui ne se seraient jamais croisés » . Et on comprend bien, au fil de la discussion, que ce qu’elle aime Charlotte Noyelle, c’est mélanger les cultures, les genres, les personnes.

« La différence est un luxe »

C’est cette ouverture qu’elle tente de transmettr­e à ses élèves de La Compagnie Théâtrale Junior, crée en 2014 au sein de sa Galerie : « Les gamins ont la chance d’avoir un atelier théâtre dans une galerie, ils vivent dans les tableaux. »

Une trentaine d’élèves se réunit chaque samedi sous la direction bénévole de Charlotte Noyelle, puisque les ateliers théâtre sont entièremen­t gratuits (les inscriptio­ns ont lieu toute l’année) : « Ils sont tour à tour acteurs, cameramen, éclairagis­tes, habilleurs, maquilleur­s, chanteurs, accessoiri­stes, clapmen ou musiciens. » Les ateliers sont filmés puis diffusées chaque semaine sur YouTube. Des tournages en extérieur ont lieu chaque mois, dans chaque commune de Souleuvre-en-Bocage, pour « permettre aux enfants de mieux connaître leur environnem­ent et mettre en valeur le patrimoine local, le Bocage est magnifique » .

Pour financer tout ce travail de création, l’artiste vend ses tableaux.

« Le théâtre rend heureux les enfants, il leur donne confiance en eux : j’essaye de leur faire comprendre que la différence est un luxe incroyable, qu’on peut transforme­r un handicap en une richesse » .

Mélanger et créer

« Mon travail évolue »

À l’occasion du Centenaire de la mort d’Octave Mirbeau (en février), né à Trévières (Calvados), Charlotte Noyelle met en ligne les enregistre­ments publics des lectures de l’oeuvre de l’auteur.

Passionnée et passionnan­te, Charlotte Noyelle conjugue, à 59 ans, création et direction de comédiens.

Elle continue d’exposer aux quatre coins de France et de Navarre. Ses travaux sont actuelleme­nt exposés en Chine. « Mon travail évolue constammen­t » , souligne l’artiste que vous pourrez rencontrer lors du grand week-end portes ouvertes samedi 26 et dimanche 27 novembre, de 14 h à 19 h.

6 rue du Haras Le Bény-Bocage. Tél. : 06 08 62 36 29.

Mail : ateliers.cnoyelle@neuf. fr

Blog : noyelle.typepad.fr

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