Des enfants dans le viseur !
À l’heure du tout numérique et de la photographie « clé en main », les écoliers, encadrés par un professionnel, se réapproprient les règles de base de tout bon photographe. Une belle leçon !
Saint- Martin- des- Besaces.
Mis en place en 2013, les temps d’activités périscolaires ont pour but l’épanouissement et le développement de l’enfant en leur facilitant l’accès à des activités de loisirs, sportives, culturelles ou artistiques.
À l’école du Petit Prince, les élèves, deux fois par semaine, par groupe de 8 à 10, ont ainsi accès, une heure durant, à divers ateliers ludiques, : musique, bricolage, multimédia, sports collectifs en extérieur, constructions diverses et photo journalisme. Tout au long de l’année, enfants restent trois à quatre semaines sur chaque atelier.
L’atelier de photo-journalisme est animé par Mark Kentell, correspondant de La Voix le Bocage (mais pas que !) : « Je sensibilise les enfants au métier, je leur donne des cours de théorie sur la photo, ce sont des choses qu’ils peuvent refaire avec un téléphone portable » , explique l’animateur.
La créativité avant tout
Au préalable, Mark a interrogé les enfants sur leurs connaissances de la photo afin d’établir un programme d’initiation adapté.
Les enfants abordent, par exemple, les règles de cadrage, l’utilisation du mode manuel : « Pour les enfants, la photo a toujours été numérique. J’ai vite compris qu’il ne fallait pas se lancer dans de grandes explications techniques et c’est sur le terrain qu’ils ont exprimé leur créativité. C’est ensuite en regardant leur travail tous ensemble que nous avons critiqué, décortiqué chaque image ( beaucoup d’images ont pris la direction de la corbeille !), mais c’est de cette manière qu’ils ont appris à prendre leur temps, à réfléchir avant de déclencher, à cadrer correctement. » Les écoliers apprennent également des notions de mise en page, de maquette, notions qu’ils ont pu mettre en pratique avec la réalisation d’une Une.
Les jeunes photographes en herbe affleurent quelques notions d’impression : comment conserver les mêmes couleurs d’une photo prise avec un appareil qui fonctionne en trois couleurs (rouge, vert et bleu) en l’imprimant avec une machine qui fonctionne avec quatre couleurs d’encre (cyan, magenta, jaune et noir). « Étonnamment, les enfants ont plutôt bien assi- milé ce mystère et découvert par la même occasion la notion de post-production et la chaîne graphique » , note Mark Kentell.
Qui est Mark Kentell ?
« Je suis un autodidacte complet » , sourit l’intéressé.
Après avoir écrit des livres sur l’électronique, il arrive dans la presse en 1993. On lui propose alors de devenir rédacteur en chef adjoint d’un magazine en Corrèze. « Et puis, de fil en aiguille, je suis devenu rédacteur en chef de sept magazines pour ProCom Éditions. » Poste qu’il exercera pendant huit ans.
Il devient free-lance dans les années 2000 : « J’aime bien traiter les sujets que j’aime. » Il travaillera en Angleterre, en Nouvelle- Zélande, aux ÉtatsUnis, où il séjourne pendant cinq ans. Il collabore d’ailleurs toujours avec des agences de presse à l’étranger.
Il travaille aujourd’hui pour une dizaine de titres de la presse locale à la presse spécialisée (notamment équine), en passant par des magazines.
Passionné, il aime à initier les jeunes à sa vocation : « J’aime bien transmettre, j’aime bien faire ça car c’est mon boulot, j’adore ça ! Et puis les enfants sont intéressés ! »
Et les enfants, ils en pensent quoi ?
Ce jour-là, nous sommes allés à la rencontre de d’Erwan, Mickaël, Clara, Dorian, Luca, Ethan, Matteo et Matis, tous élèves de CM1, et présents à l’atelier de photo-journalisme. Même s’il n’y a pas de vocations de journalistes ou de photographes à l’horizon, les enfants apprécient cet atelier, dans lequel ils peuvent utiliser du matériel professionnel, et comprennent son intérêt : « On a appris à savoir tenir un appareil, à toujours mettre la courroie autour du cou. On sait maintenant qu’il ne faut jamais mettre le sujet au milieu. On a aussi appris la règle des un tiers, deux tiers, trois tiers. » « Et il faut réfléchir avant de prendre la photo ! » , ajoute l’un deux. « C’était un pari osé car aujourd’hui la plupart des images sont réalisées avec des engins qui s’occupent de tout. Mais la curiosité et la créativité des enfants n’ont pas de limites » , souligne Mark Kentell.
Objectif atteint !
Même s’ils sont habitués aux automatismes, notamment avec l’usage de leur téléphone portable, les enfants apprennent qu’on peut aussi créer des images. Des images à soi à travers lesquelles transparaissent leurs imaginations, leurs sensibilités.
« Même si la technique n’est pas encore maîtrisée, ils ont au moins appris que c’était possible ! » , se félicite Mark Kentell.