La Région au secours du centre-ville
La Région vient de lancer un vaste plan de redynamisation des centres-villes de la reconstruction. Vire-Normandie a été désignée ville pilote et doit, à ce titre, faire preuve d’idées innovantes pour redynamiser et valoriser son patrimoine.
Vire.
Les bombardements du 6 juin 1944, avec ses quelque 600 morts et plus de 95 % des bâtiments détruits, sont encore dans beaucoup d’esprits aujourd’hui…
La Reconstruction dura une vingtaine d’années, de 1949 à 1964. Les maîtres d’oeuvre de l’époque font montre d’une richesse de vocabulaire architectural notamment par l’utilisation de matériaux multiples (gravillons lavés, granit rouge, béton rainuré, béton bouchardé, granit jaune, enduit de mignonnette, etc.). Mais cette modernité d’avant-garde semble aujourd’hui être devenue quelque peu obsolète… Pas seulement à Vire, mais dans une plus large mesure dans les centresvilles de la Reconstruction qui souffrent d’une désaffection liée à une image vieillissante. On y trouve de nombreux logements vacants, qui ne répondent plus aux normes d’accessibilité, et les commerces disparaissent au profit de grandes surfaces en périphérie. « Avant, en centre-ville, il y avait beaucoup de commerces de détail mais le commerce n’était pas ce qu’il est aujourd’hui. La construction est aujourd’hui anarchique, disgracieuse » , explique Serge Couasnon, premier adjoint au maire de Vire, chargé du développement du territoire.
Redynamiser les centres-villes
La Région vient d’adopter un plan de redynamisation des centres- villes et des centres bourgs, en particulier ceux de la Reconstruction. Elle a lancé un appel à projets à destination de 16 villes moyennes reconstruites. « La redynamisation des centres-villes reconstruits est un sujet majeur pour attirer habitants et services » , précise Hervé Morin, président de la Région.
Sur les 16 villes qui se portent candidates, 5 seront choisies. La Région consacrera alors 10 millions d’euros pour les aider à mettre en oeuvre leurs projets de rénovation. Ces projets devront allier les travaux sur les parties communes du bâti privé, sur les équipements publics et sur la valorisation du patrimoine de la Reconstruction. Vire vient d’être choisie, avec Louviers (pour l’ex Haute-Nor- mandie), comme « ville pilote » de l’ex Basse-Normandie. Mais alors pourquoi Vire en particulier ? « Tout simplement parce que nous avons été les premiers à lever la main » , sourit Serge Couasnon.
Il y a donc de « fortes probabilités » pour que Vire-Normandie fasse partie des cinq villes qui seront sélectionnées pour ce vaste plan de redynamisation. Pour le moment, elle fait des propositions à la Région et bénéficie d’un accompagnement de cette dernière si elles sont jugées pertinentes.
Les projets
Mais difficile d’en savoir plus sur la teneur des projets à ce stade : « Nous avons des idées bien évidemment mais il est trop tôt pour en parler » , souligne l’adjoint. « Nous sommes en train de travailler avec Louviers pour voir ensemble comment présenter les projets » , ajoute-t-il.
Un travail de formation pour les artisans devrait être mis en place afin de « retrouver tous les savoir-faire oubliés pour restaurer dans les règles. Il y a une transmission de savoirs à prévoir » , explique Serge Couasnon.
Un travail sera également mené sur les façades, les cours, sur la mise en accessibilité des immeubles, sur la requalification des locaux commerciaux. « Nous souhaitons mettre en place des politiques innovantes qui permettent de revaloriser notre patrimoine, de ramener des activités dans le centre-ville » , précise l’élu.
Mettre aux normes
Mais le parc immobilier est difficile à rénover car les im- meubles sont bien souvent en copropriétés. Ce qui signifie que si un propriétaire accepte une rénovation de son bien mais qu’un autre refuse, la situation est bloquée. Il existe pourtant des aides à l’amélioration de l’habitat permettant à un propriétaire de rénover son bien à moindre coût. « Il faut qu’on les aide à mettre aux normes à travers une politique adaptées. Il faut trouver des dispositifs qui permettent de travailler sur les copropriétés, recher- cher des dispositifs incitatifs afin de vaincre la réticence des copropriétés » , explique Serge Couasnon.
Si la reconstruction reste un souvenir à la fois vivace et douloureux, les bâtiments de la Reconstruction témoignent de toute une époque et restent un patrimoine à part entière.
Ville pilote