La Voix - Le Bocage

Une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes !

- Le mercredi 22 mars et le jeudi 23 mars, à 20 h 30, au théâtre du Préau, Centre dramatique régional de Vire. Tarif normal : 15 €. Té. 02 31 66 16 00.

« La Ville ouverte » de Samuel Gallet, mise en scène de Jean-Pierre Baro, associe trois théâtres pour une création au sein de leur territoire respectif. Les Scène du Jura ; la Comédie de Saint-Étienne, Centre dramatique national ; le Préau, Centre dramatique régional de Vire. Les représenta­tions, à Vire, auront lieu les 22 et 23 mars.

La pièce « La Ville ouverte » de Samuel Gallet prend le risque de confronter le théâtre à la société contempora­ine. C’est aussi une mise à jour du principal ressort du travail de l’imaginatio­n : le rêve. Un thème majeur dans l’oeuvre du dramaturge. « Quels rêves faisons- nous ? Qu’ils soient diurnes ou nocturnes ? Endormis ou éveillés ? Avonsnous encore des rêves en com

mun ? » interroge-t-il. Pour lui, les rêves ne parlent pas que de notre intimité la plus stricte. « Ils évoquent quelque chose du monde. »

Épée de Damoclès

« La Ville ouverte parle de 3 femmes qui estiment que leur vie profession­nelle et sentimenta­le est dans une impasse » , indique le metteur en scène Jean- Pierre

Baro. « Je ne comprends pas mon époque » , dit l’une. « Je ne suis pas au bon endroit dans ma vie » , dit l’autre. « Je rêve d’une autre vie et je m’endors » , dit la troisième.

Un fait marquant : elles ne se connaissen­t pas. Plus singulier encore : elles vont, justement, se rencontrer dans un rêve qu’elles

détiennent en commun. « Elles ont aussi le sentiment de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête » , ajoute

le metteur en scène. « Elles vont alors s’organiser pour commettre l’assassinat d’un tyran : le tyran de Syracuse. »

Du possible

C’est là où le mythe rejoint la réalité. Le mythe antique, naguère appréhendé par les Cocteau, Giraudoux ou Sartre, mais revisité d’une manière novatrice par Samuel Gallet. « L’imaginaire exprime un désir d’émancipati­on. Il s’agit de façonner du possible au travers du rêve. C’est précisémen­t ce dont il est question dans ce texte » , souligne le metteur en scène.

Différents registres de langue

Samuel Gallet brouille les frontières entre le mythe et l’actualité, d’où les difficulté­s de mise en scène. « Mais, j’adore avoir des obstacles à surmon

ter ! » lâche Jean-Pierre Baro. Il faut tenir compte également du type d’écriture de Samuel Gallet. Le rythme, les sonorités, les figures de style nécessiten­t un décryptage minutieux. « On jongle entre différents registres de langue et tout un système d’échos entre le réel et l’imaginaire. Ça rend un peu fou. Mais c’est superbe ! » s’exclame le trio de comédienne­s : Aurélie Edeline, comédienne permanente du théâtre du Préau ; Sabine Moindrot et Camille Roy.

Devenir créatif

« Comment continuer à exprimer ce qui peut venir nous arracher au sentiment catastroph­ique qui semble aujourd’hui dominer ? Comme si le pire était absolument certain ? » se demande Samuel Gallet. Au début dit-il : « Les choses commencent toujours par un détail. Naissent d’un détail. De rien. Que personne ne remarque au début. Un mur qui s’effrite. Une fissure sur une vitre. » Mais, d’un optimisme fitzgerald­ien, il soutient que d’un processus de destructio­n va jaillir un devenir créatif. « On devrait pouvoir comprendre que les choses sont sans espoir, et cependant être décidé à les changer » , affirme l’écrivain Francis Scott Fitzgerald.

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