« Une pure catastrophe »
L’abandon du transfert des urgences de l’hôpital vers la clinique est une catastrophe pour la communauté médicale de la clinique qui sort de sa réserve.
Après la levée de boucliers des praticiens de l’hôpital puis des généralistes de Vire et du Bocage contre le transfert des urgences, c’est au tour de la communauté médicale de la clinique Notre-Dame de sortir de sa réserve. Cette fois, le propos est différent. Les médecins regrettent l’abandon du projet. Ils expliquent pourquoi dans un communiqué signé par la trentaine de praticiens que compte l’établissement.
La Mission Bocage
« Entre 2015 et 2017, l’agence régionale de santé a entrepris de réviser sa politique de santé dans le Bocage à l’occasion de la Mission Bocage, une concertation dont l’organisation a été confiée au cabinet d’audit KPMG qui a réuni autour de l’agence, les maires, les directeurs d’établissement, les membres des commissions médicales d’établissements et les cadres des cinq établissements concernés (hopitaux de Flers, Vire, de la Ferté-Macé, cliniques de Vire et de Flers). Plusieurs dizaines de réunions ont eu lieu avec pour but d’établir des coopérations permettant d’améliorer l’offre de soins, mais aussi de rationaliser le système en supprimant des services redondants ou insuffisamment actifs » .
Les médecins de la clinique expliquent que pour éviter la fermeture quasiment annoncée des urgences de l’hôpital, « sous l’impulsion du maire, Marc Andreu Sabater, a émergé le projet de déplacer le service des urgences à proximité du plateau technique, de la radiologie, du scanner, du laboratoire de biologie et du bloc opératoire, ceci pour des raisons de sécurité et d’efficacité évidentes, mais aussi, en réorientant vers ce service les patients consultant directement en urgence à la Clinique, soit environ 5 à 6000 passages annuels supplémentaires, pour lui apporter un volume d’activité suffisant » .
Le 30 janvier dernier, lors de la conclusion de cette Mission Bocage, l’ARS a donné son soutien à ce projet : « considérant la pénurie de médecins et la situation plus que dramatique des finances du CH, le projet de délocalisation est la seule modalité qui permette de maintenir une structure d’urgences sur la ville de Vire » .
Dans cette mise au point, les médecins redisent bien qu’il n’a jamais été question d’attribuer ce service public au secteur privé. « Non seulement la Clinique n’avait aucune visée sur le service des urgences de l’hôpital, mais au contraire les praticiens de la Clinique avaient accepté de transférer leur propre recrutement (5 à 6000 passages par an) vers le service d’urgences du CH, consentant ainsi à un important sacrifice financier dans l’intérêt de tous » .
La coïncidence de deux décisions
Le projet semblait boucler mais le problème de l’unité de surveillance médicale continue ( USMC) de l’hôpital a surgi. « À l’occasion de la Mission Bocage, l’Agence Régionale a découvert que ce service fonctionnait sans autorisation. L’Agence a donc assez abruptement, mais avec une logique administrative indiscutable, décidé la fermeture de ce service. La fermeture de l’USMC n’est donc nullement liée au transfert des urgences, et l’abandon du projet de transfert n’y changera rien. Les praticiens du CH de Vire semblent avoir été abusés par la coïncidence de ces deux décisions et, liant l’une à l’autre, ont d’abord voté en CME contre le transfert des urgences puis ils ont convaincu un groupe important de généralistes de s’associer à leur refus du transfert du service des urgences, dans l’espoir malheureusement chimérique d’éviter par la même occasion la fermeture de l’USMC » .
Pour eux, le résultat est catastrophique puisque le service d’urgence du CH de Vire – qui n’enregistre pas assez de passages annuels – risque d’être supprimé à moyen terme comme la maternité de l’hôpital et son bloc opératoire l’ont été récemment.
Le plan fermeture
« Le démantèlement du CH de Vire risque de s’accentuer dans les mois à venir, mettant progressivement en péril tous les services (notons que déjà l’Agence vient de fermer l’activité de chimiothérapie du CH de Vire en la délocalisant vers le CH de Flers – y compris pour les patients en cours de traitement). Et la Clinique elle-même sera plus isolée dans une ville en risque de désertification médicale » .
Les praticiens de la Clinique, qui soutenaient totalement ce projet sont consternés par la situation nouvelle ainsi créée. « Il reste à espérer que les médecins de l’hôpital qui ont refusé le projet par leur vote défavorable (et aussi les généralistes qui leur ont emboîté le pas) ont, comme on dit, un plan B, parce que le statu quo ne sera pas durable et va à moyen terme aboutir à un plan C comme catastrophe, voire un plan F comme fermeture » .