La Voix - Le Bocage

Considéré alcoolique à tort, il décède suite à une erreur de diagnostic

- Arnaud Héroult

Le tribunal administra­tif de Caen pourrait condamner l’hôpital de Flers pour une erreur de diagnostic ayant entraîné la mort d’un homme.

Tribunal, Flers.

La famille de l’homme décédé au centre hospitalie­r de Flers en 2012 demande réparation.

Le 29 avril 2012, Alain est admis au centre hospitalie­r Jacques- Monod de Flers. L’homme, âgé de 48 ans, est père de trois enfants qu’il a eu avec sa compagne avec qui il vit depuis 24 ans.

Trois arrêts cardiaques

Aux urgences de l’hôpital de Flers, il se plaint de douleurs au moignon de sa jambe droite. Un membre dont il a été amputé à l’âge de 16 ans.

Opéré le 4 mai, il sort de l’hôpital le lendemain. Mais, ressentant de nouvelles douleurs, l’homme est à nouveau admis à l’hôpital de Flers le 11 mai.

Placé en coma artificiel, l’homme subit deux arrêts cardiaques en service réanimatio­n. Un troisième arrêt cardiaque lui est fatal, il décède le 12 mai 2012.

En audience du tribunal administra­tif de Caen, jeudi 6 avril, le rapporteur public (1) a questionné la responsabi­lité du centre hospitalie­r flérien : « faute, erreur de diagnostic, négligence ? »

Pour l’expert, c’est « un diagnostic de facilité »

Sur la base de l’expertise judiciaire menée par un médecin, le magistrat retient « que des analyses sanguines n’ont pas été prises en compte. » Ce diagnostic biologique explique le rapporteur public « est, certes, rare, mais connu. »

Les analyses sanguines révélaient un niveau de gamma GT important. Les médecins penchent alors pour une pancréatit­e aiguë. On croit le malade alcoolique. Sa famille soutient, à raison, le contraire.

« Un diagnostic de facilité » , résume l’expertise. Une erreur qui entraîne un mauvais traitement du malade. L’analyse avait révélé « une anémie discrète particuliè­re pas exploitée par les médecins. »

Alain souffrait en fait d’un purpura thrombotiq­ue pour le- quel il n’a pas reçu le traitement médical qui aurait pu le sauver.

Pour le rapporteur public la responsabi­lité fautive du centre hospitalie­r de Flers ne fait donc aucun doute.

Un cas sur un million

L’avocate de l’hôpital n’est pas de cet avis : « le purpura thrombotiq­ue est une maladie extrêmemen­t rare » , soutient-elle à l’audience. « C’est un cas par an par million d’habitants. »

Le rapporteur public a proposé au tribunal administra­tif de Caen de condamner le centre hospitalie­r Jacques-Monod de Flers et à indemniser sa famille ( compagne, enfants, soeurs, mère) pour une somme globale de 58 675 €.

Le jugement sera connu jeudi 27 avril.

(1) En droit administra­tif, « Le rapporteur public présente oralement ses conclusion­s aux juges et propose la solution la plus appropriée au litige ».

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