De l’hôpital à la scène du théâtre du Préau
C’est un travail qui a été mené avec les hôpitaux de jour de Vire et de Condé-sur-Noireau. « C’est la première fois que ces établissements coopèrent, en partenariat avec le théâtre du Préau, pour mettre en place un atelier culture-santé », explique Chantal Desmottes, référente culturesanté au Centre hospitalier de Vire.
Vire.
Vingt séances de 2 h chacune ont réuni 8 patients et 4 soignants, sous la direction d’Antonin Ménard, metteur en scène et comédien. Une restitution du travail a été présentée au public sur la scène du théâtre du Préau, mardi 4 avril. « Nous avons décliné le thème principal, celui de la liberté, autour du rapport au corps, du rapport aux autres et de la transgression » , annonce le metteur en scène. « Les patients en retirent un bénéfice considérable, ils en redemandent » , se réjouit Chantal Desmottes.
L’entrée en scène
Sur le plateau, un extrait du très beau texte de Michel Foucault, « Le Corps utopique » , entre en résonance avec le corps de chaque patient. « Je ne peux pas me déplacer sans lui ; je ne peux pas le laisser là où il est pour m’en aller, moi, ailleurs. Je peux bien aller au bout du monde, il sera toujours là où je suis. Il est ici irréparablement, jamais ailleurs. »
Ces corps si disparates sont magnifiés par la fulgurance de leur entrée sur le plateau. D’un dynamisme sidérant. « Ce qu’il y a de plus important, c’est l’entrée en scène » , disait Louis Jouvet. « Le corps, il faut bien l’accepter, ce n’est pas lui, la prison. Mais la douleur psychique enfermée dans ce corps » , affirme le metteur en scène.
Je veux m’envoler
Alors la liberté jaillit sur le plateau, jusqu’à la transgression : « Je veux m’envoler » , dit l’un. « Je veux du rhum » , répond un autre. « Je veux fumer un joint » , s’exclame un troisième. « Vous croyez que le théâtre, c’est n’importe quoi ! » recadre un autre personnage dans une intervention distanciée.
À terme, l’objectif du dispositif serait de franchir le pas et de réserver l’atelier uniquement aux patients, sans être accompagnés par les soignants. « Sinon, le statut soignant-soigné subsiste malgré tout. Ce serait là leur ultime liberté » , espère Chantal Desmottes.