« J’ai découvert une autre facette du monde »
Vire. Les photographies des décombres de Gaza prises par Heïdi Levine, lauréate du Prix de Bayeux Calvados des correspondants de guerre en 2015 ont donné l’idée à un projet de théâtre aux élèves de la Seconde 1 du lycée Marie Curie.
Leur professeur d’histoire et géographie, Marion Onraed, a proposé de travailler sur une trentaine de monologues écrits par les enfants de Gaza. Avec la participation de Marc Frémond, auteur et comédien, et de Corinne Gruchet, animatrice à la « bibli’ de Bény » , les 35 élèves ont étudié les écrits à raison d’une heure par semaine pendant un mois et demi. « Cette aventure avec Marc Frémond me semblait capitale pour mes élèves qui ont appris à comprendre le sens des textes, à donner de l’intention, de la couleur et de la vie aux textes qu’ils lisaient. Il leur a aussi appris l’importance des appuis au sol, la respiration, du rythme de la lecture et du rapport à l’audience pour que lire devienne un plaisir partagé » , a relaté Marion Onraed. Le mardi 4 avril avait lieu une représentation à l’amphithéâtre de leur lycée devant une classe de Seconde et deux classes de Première. Des textes forts, émouvants tels que « Gaza est devenue une grande école où l’on apprend à se battre. » , « À chaque seconde, je pensais mourir. » « Gaza est une petite boîte et nous, nous sommes des allumettes. »
« Sensibiliser les personnes »
En travaillant sur un sujet aussi grave que dramatique, les élèves ont appris beaucoup selon leurs dires. Pour Edouard : « J’ai découvert une autre facette du monde que j’ignorais. Bien sûr, j’avais quelques notions par les infos. Avec cette expérience de théâtre, j’ai vraiment réalisé ce que les habitants de Gaza vivent et subissent. J’ai aussi compris qu’ils ne perdent pas espoir. Ils ont même un certain humour. Avec le peu qu’ils ont, ils arrivent encore à être heureux. Ils ont des rêves : deve- nir artistes ou comédiens par exemple. » « Pour moi, cette pièce permet de sensibiliser les personnes. Elle permet également de comprendre la dure réalité des habitants » , ajoute Édouard. Et au professeur de conclure : « J’insiste beaucoup sur la lecture et les effets que cette expérience a pu avoir sur leur personne, même si je pense que bien sûr, de nos jours il y a aussi une urgence à transmettre la voix des Palestiniens sans État, à en parler à travers la voix de ces adolescents de Gaza qui, par l’écriture, ont surmonté la déshumanisation engendrée par l’oppression permanente. » Cette séance s’est clôturée par la projection de photos prises par Heidi Levine qui montrent la ville meurtrie par les bombes et la détresse des habitants.