Un sourire en or
Lors des olympiades des métiers à Bordeaux, une habitante de Val d’Arry a brillé en décrochant l’or. Âgée de 20 ans, Orlane Vauguet est la meilleure prothésiste dentaire de France. Portrait
Dans ses bras, la jeune femme tient une boîte en carton comme un coffre au trésor. Ses trésors à elle, ce sont les prothèses qui lui ont permis de décrocher l’or lors de l’Olympiade des métiers, qui s’est déroulé du 9 au 11 mars 2017 à Bordeaux. Sorte de Jeux Olympiques pour les métiers, cette compétition permet à des candidats de moins de 23 ans de concourir pour décrocher une médaille, avec en vue les sélections internationales qui se dérouleront du 14 au 19 octobre à Abu Dhabi.
« J’ai dû dormir deux heures »
Si Orlane a décroché l’or, elle ne s’y attendait pas. « Je pensais vraiment me faire écraser parce que deux de mes concurrents étaient déjà salariés depuis plus de cinq ans, et les autres depuis au moins deux ans. J’étais la seule à ne pas avoir encore obtenu de diplôme. »
En effet, Orlane apprend actuellement à devenir prothésiste dentaire, en suivant un Brevet Technique des Métiers au Centre Interprofessionnel de Formation de l’Artisanat du Calvados (Cifac). Un diplôme qu’elle prépare en alternance au sein du laboratoire Lab’elle concept, basé à Hérouville-Saint-Clair.
En 2 jours et demi, l’étudiante devait constituer entièrement une prothèse dentaire, et ce malgré la pression. « C’était vraiment dur à gérer, notamment parce qu’ils nous ont tout donnés à faire d’un coup, et on devait donc gérer nousmême notre temps. Dans la nuit entre le deuxième et le troisième jour, j’ai dû dormir deux heures parce que je réfléchissais à ce que je devais faire. »
Une belle équipe
En même temps que la pression, Orlane devait aussi gérer les questions des visiteurs, curieux de découvrir ce métier qui était présent pour la première fois. « Les gens pensent qu’on est dentiste, ou que l’on fait que des dentiers » , témoigne la normande.
Mais en fait, c’est quoi un prothésiste dentaire ? « On restaure une partie des dents, souvent manquantes depuis la racine. On peut aussi faire des bases en fausse gencive ou en résine pour reproduire la partie fonctionnelle. Il faut aussi prendre en compte l’aspect phonétique et esthétique. »
Si un prothésiste dentaire n’est pas dentiste, il travaille en collaboration avec lui. « On reçoit les empreintes des patients, on coule ensuite du plâtre dedans et on taille les dents ou bien on les reconstruit. À la fin, on pose du métal et ça donne la dent définitive. » Des dents qui peuvent également être en céramique.
Durant ces 3 jours, la jeune femme a vraiment ressenti le soutient des autres participants normands, qui ont constitué une grande équipe. « Quand on ne participait pas, on allait tous s’encourager et tout le monde lors des olympiades était d’accord pour dire que la Normandie était la région la plus soudée » . Un esprit d’équipe qui leur a bien servi puisque les Normands ont fini sur la première marche, avec 29 médailles au total.
Une dimension artistique
Orlane a également bénéficié d’un soutien de taille, celui de sa patronne et de ses collègues de travail. « On a beaucoup travaillé en amont avec ma patronne pour que je sois prête, et mes collègues m’ont beaucoup soutenu moralement. À un moment je pensais abandonner et c’est eux qui m’ont encouragé à continuer et à me rendre à Bordeaux. »
Si Orlane a choisi de faire ce métier, c’est grâce à une amie. « Elle m’a dit que sa mère était prothésiste dentaire, alors j’ai regardé des vidéos sur Youtube et je suis tombé amoureuse de ce métier ». Ce qui lui plaît le plus, c’est le sens du détail et la minutie que demande l’élaboration d’une pièce. « Le métier de prothésiste dentaire comporte une grosse dimension artistique. » Un art qu’Orlane Vauguet présentera à Abu Dhabi lors des sélections internationales. Cette fois pas de médaille en jeu car il n’y a pas encore de compétition mondiale pour ce métier, mais des démonstrations sur plusieurs jours pour la jeune femme qui représentera donc le savoir-faire français.