La Voix - Le Bocage

Christian Malon fête ses 50 ans de photograph­ie

Pour sa dernière exposition avant sa fermeture pour rénovation le 4 novembre prochain, le musée de Vire a convié Christian Malon qui fête, cette année, ses 50 ans de photograph­ie.

- Laura Baudier

« Nous avons eu des exposition­s temporaire­s très variées et nous avons eu envie de nous intéresser aux campagnes. Vire est une ville à la campagne. Le public entrera par un regard : celui de Christian Malon » , explique MarieJeann­e Villeroy, responsabl­e du musée.

Un regard à la sensibilit­é quasi palpable, tout à la fois touchant et captivant, un regard d’humaniste qui a su photograph­ier la ruralité par des instants captés presque par magie à l’aide d’un appareil photo argentique d’abord, d’un numérique ensuite (bien que l’argentique reste son outil favori).

Des ruralités multiples et plurielles

Près de 130 photograph­ies seront présentées lors de cette exposition qui se tiendra essentiell­ement dans la Chapelle du musée mais qui s’invitera également dans les autres salles : « On a choisi des photos pour bousculer l’exposition permanente » , souligne la responsabl­e du musée.

Né en 1944 dans le Cantal, Christian Malon arrive à l’âge de 5 ans à Vire et ne quittera finalement jamais plus la capitale du Bocage. Son travail s’inscrit dans la lignée des grands photograph­es humanistes et se rapproche de celui d’un ethnologue tant le cliché en dit long sur la réalité qu’il reflète.

Cette exposition propose une plongée dans les confins de la ruralité, d’ici et d’ailleurs,… .D’ici, à l’instar des photos prises à la Foire d’Étouvy en 1991 par le photograph­e qui aime tant les foires et marchés : « Je me plais beaucoup dans ces ambiances de foires, les gens me connaissen­t et finissent par m’oublier quand je prends une photo. » Ou d’ailleurs, comme le montrent les clichés pris l’an dernier à New York. Puiseur de lumière, Christian Malon n’en reste pas moins un éternel voyageur.

Un ici et un ailleurs qui se rejoignent aussi sur de grandes questions : « Les questions qui se posent dans les petites campagnes se retrouvent ailleurs, c’est pourquoi à la fin de l’exposition, il y aura une ouverture sur le monde » , souligne Marie-Jeanne Villeroy.

Petit-fils d’agriculteu­r du Cantal venu en Normandie, Christian Malon fait assez rapidement du monde rural son sujet de prédilecti­on. Une ruralité tout à la fois douce, sincère, parfois brute

mais toujours touchante : « La question permanente de ces 50 ans a été guidée par l’envie de parler de ces paysans qui allaient disparaîtr­e et de se poser des questions éminemment importante­s comme l’alimentati­on, le paysage, le territoire, l’agriculteu­r, etc. » Le photograph­e, également auteur, sillonnera les routes de France et de Navarre, se laissant guider par son oeil aguerri, à l’affût de l’image figeant l’instant qui deviendra grâce.

Avec tendresse et subtilité, les photos présentées lors de l’exposition mettent en lumière différente­s thématique­s allant des foires et marchés au temps qui passe en passant par le temps qu’il fait, les changement­s opérés par les agriculteu­rs sur le paysage, etc. « Toutes les photos ont un double aspect : esthétique et documentai­re » , souligne Marie-Jeanne Villeroy.

Une exposition toute particuliè­re

Des photos noir et blanc à celles en couleur, en passant par les grands formats qui seront exposés à l’extérieur du musée, l’exposition proposera une myriade de clichés.

Le musée s’exportera également dans les campagnes avec des visites à la ferme et des sorties guidées par des « interprète­s » du paysage.

Si le parcours de l’illustre artiste est également présenté au Compa de Chartres et à Aurillac, sa présence à Vire à une connotatio­n toute particuliè­re pour Christian Malon : « C’est important pour moi que ce soit dans cette ville, dans ce musée. » Un Musée qu’il connaît bien et dont les souvenirs ressurgiss­ent par moments : « Je me souviens très bien en 1956, j’étais en 5e à Maupas et notre professeur d’Histoire- géographie, HenriLesag­e, nous a emmenés dans une petite pièce juste à côté, c’était son bureau et il y avait ce qu’on appelle une chaise percée ! C’est mon premier rapport avec le musée » , sourit l’humble et élégant septuagéna­ire.

« Esthétique et documentai­re »

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Le travail mené par Christian Malon depuis maintenant 50 ans se rapproche de celui d’un ethnograph­e, à la manière d’un Depardon, aux côtés duquel il expose d’ailleurs en ce moment à Chartres.

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