Le neveu VILLERS-BOCAGE. des dealers joue le livreur
Tribunal.
Quatre hommes ont été condamnés mardi 3 mai par le tribunal correctionnel de Caen à des peines allant de 18 mois à quatre ans de prison pour un vaste trafic de cocaïne et d’héroïne, écoulées sur l’ensemble du département depuis janvier 2016.
Tout est parti d’une simple dénonciation. Celle d’un consommateur de drogue dure qui subit les pressions de ses fournisseurs. « Apeuré » , l’homme décide alors de déposer plainte auprès de la gendarmerie, explique le président du tribunal, François Lales.
Écoutes téléphoniques, filatures, auditions… L’enquête dure près de 15 mois entre Caen et Villers-Bocage. Elle permet notamment de remonter jusqu’au fournisseur principal du réseau, Abdelkader Bellili, alias « Kader » , un homme âgé de 25 ans qui habite dans le quartier de la Folie-Couvrechef, à Caen. Assis à ses côtés dans le box, son lieutenant, Geoffroy Le Moal, et deux revendeurs, Sullivan Lenault et Dany Pinsault, qui habite lui à Villers-Bocage.
3,2 kg d’héroïne
Très rapidement, les trois sous- fifres reconnaissent les faits. « Je consomme entre trois et cinq grammes par jour depuis que j’ai 20 ans » , explique le bras droit de « Kader » . Le quadragénaire admet fournir « une vingtaine » de clients sur la région caennaise pour financer sa propre consommation. Au total, près de 3,2 kg d’héroïne ont ainsi été écoulés, selon les enquêteurs. « On parle ici de dizaines, voire peut-être même de centaines de milliers d’euros » , résume le président du tribunal.
Le quatuor avait mis en place un dispositif « très astucieux » , révèle le vice-procureur, Émilie Abrantes. Prudent, le chef du réseau multiplie notamment les lignes téléphoniques dédiées, livre la drogue « par petites quantités, très régulières » pour minimiser les risques. Le réseau utilise également des codes pour communiquer. Lors de leurs appels, les prévenus évoquent par exemple des distances parcourues en vélo. « 200 km signifiait 200 grammes de drogue » , détaille François Lales.
Le neveu livrait l’héro
Surtout, « Kader » , a recours au « gamin » pour livrer la marchandise ou récupérer son paiement. Le « petit » , comme l’ont identifié ses acolytes, est en fait un neveu. Un adolescent de 14 ans, véritable préparateur de commandes « comme dans un fast-food » , s’emporte la magistrate. « Il ne savait pas ce qu’il transportait » , se défend le prévenu, rapidement contredit par l’audition de l’adolescent.
Son avocat, Me Claude Marand-Gombar, critique lui l’estimation de drogue que son client aurait écoulée, et reproche aux enquêteurs des quantités « établies par des projections » . En outre, l’avocat rappelle que les policiers n’ont saisi ni stupéfiants, ni argent au domicile, de « coupable désigné » .
Après en avoir délibéré, les juges ont condamné le fournisseur, Abdelkader Bellili, à quatre ans de prison dont neuf mois avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve de deux ans. Son lieutenant, Geoffroy Le Moal, écope lui de trente mois de prison dont dont douze avec sursis et mise à l’épreuve. Les deux revendeurs, Sullivan Lenault et Dany Pinsault, ont été condamnés à 18 mois de prison dont neuf assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve. Trois des quatre prévenus ont été maintenus en détention.