Du rock symboliste et nomade avec Radio Elvis !

Radio Elvis, le jeune groupe créé en 2013, a décroché la timbale dans la catégorie « Album révélation » aux Victoires de la musique 2017. Entretien avec Pierre Guénard, leader du groupe.

Peut-on qualifier votre musique de rock urbain proche de Lou Reed ?

Par de-là Lou Reed, il y a aussi le groupe Velvet underground. « Goliath », qui figure sur notre premier EP est effectivement inspiré de Lou Reed. Ce qui m’intéresse, c’est le son et l’émotion. Une façon de jouer très simple, très brute. Et très sincère. Et aussi le côté faussement naïf de la musique. On écoute aussi Arcade Fire, et Alain Bashung, qui est d’ailleurs proche du rock urbain. On revendique un rock symbolique en créant un pont entre le monde du réel et le monde de l’idée. C’est là qu’on se situe. Du rock indé, on retient aussi le côté artisanal, comme le cinéma d’auteur. Pas de recettes toutes faites, mais la nécessité de créer son propre langage.

Colin (batterie-claviers) et Manu (guitare électrique et basse) complètent le trio. Qu’apportent-ils au groupe ?

Avec Colin, on se connaît depuis le lycée. Quand mon écriture est devenue plus cise- lée, plus percutante. Plus pop, avec le couplet et le refrain, il a apporté le sens de la mélodie et du rythme. Du calibrage. Que le pont arrive au bon moment, pareil pour le refrain, etc. Manu, c’est un très bon arrangeur. Il fait de la dentelle sur les titres. Il apporte des nuances. La dernière couche de vernis. Il a une merveilleuse oreille. Très fine. Il va apporter la couleur un peu plus sombre ou un peu plus claire, qui change tout…

Vos titres sont très souvent une invitation au voyage ?

J’utilise beaucoup le champ lexical du voyage, des grands espaces et des éléments. Cela me permet de parler de choses intimes, mais avec pudeur. Pas dans le registre factuel mais plutôt une recherche spirituelle. L’image du voyage et de l’exploration vient de la littérature, avec Jack London, Pierre Loti, Antoine de Saint-Exupéry, Albert Camus, etc. Ce qui est important ce n’est pas le voyage, mais ce que l’on en retient. Saint-Exupéry disait : « Ce qu’il y a de plus important dans le voyage, c’est le retour. » C’est une recherche intérieure. Quelque chose de supérieur, qui nous dépasse. Saisir le temps, vouloir l’arrêter. Se rendre immortel !