Le projet va-t-il tomber à l’eau ?
Une maison menacée d’expropriation, une propriétaire sous tutelle, des héritiers, un notaire, la Semivir, une municipalité. Une situation qui promet des rebondissements.
Truttemer-le- Grand.
Dans notre édition du 4 mai dernier, nous vous annoncions la transformation de l’ancienne boucherie en appartements. Le projet étant que le bâtiment ainsi que la petite maison attenante soient rachetés par la Semivir (Société d’Économie mixte Immobilière viroise).
Oui mais voilà, les héritiers de la propriétaire qui vit en maison de retraite, âgée de 93 ans et aujourd’hui mise sous tutelle, de la fameuse petite maison viennent de se manifester : ils n’auraient pas été mis au courant de la mesure d’expropriation en cours. « Nous avons été mis au courant de l’expropriation de la maison de notre mère par votre article de presse ! C’est honteux ! » , explique Andrée Dandin, l’une des filles de Thérèse Desmonts, mère de sept enfants. « De la même manière, personne n’a été prévenu que ma mère était mise sous tutelle » , ajoute-t-elle.
Les héritiers montent au créneau
Après avoir habité la maison avec son premier mari, M. Desmonts, Thérèse habitera la maison avec son second mari, M. Dufait. Aujourd’hui, Andrée Dandin n’est plus en contact, pour des raisons privées, avec sa mère mais « cela n’empêche que je veux défendre le bien de notre mère. Si elle vit jusqu’à 100 ans par exemple, elle pourrait avoir besoin de cet argent. Nous voulons que la maison soit vendue à son juste prix et que les choses se fassent dans le respect de la Loi. » « Et puis peut-être que parmi les enfants certains voudraient l’acheter » , ajoute Andrée Dandin, qui vit aujourd’hui à Pont-Bellanger.
Si la maison était vendue, l’argent de la vente reviendrait à tous les héritiers, « mais on laisserait l’argent à maman pendant qu’elle est à l’hôpital. »
Elle souhaite que la mesure d’expropriation soit annulée.
L’abandon fait débat
Ce qui ne semble pas inenvisageable.
« J’ai constaté l’état d’abandon puis j’ai transmis au notaire » , explique PierreHenri Gallier, maire délégué de Truttemer-le-Grand. Andrée Dandin ne le voit pas de cet oeil : « C’est faux, la toiture n’était pas à réparer, ma mère l’avait faite refaire, elle était neuve. Il y a seulement deux petites ardoises cassées en bordure. Le maire dit que le garage semble attirer la vermine mais en quoi ça le dérange ? ! » Pierre-Henri Gallier souhaite maintenant « trouver un terrain d’entente. J’espère que nous saurons trouver un arrangement avec tout ça. »
« Je ne connais absolument pas tous les tenants et aboutissants du dossier, je n’ai pas toutes les données en main. Un notaire s’occupe des ventes de maisons à l’amiable, en dehors d’un contexte judiciaire. Or, une expropriation est une procédure judiciaire qui concerne le juge mais pas le notaire, ce n’est pas de mon ressort », explique David Basnier, notaire à Vire.
Un projet qui risque de tomber à l’eau ?
« On est dans un dossier de succession qui n’est pas liquidé, d’où une situation très complexe. La Sémivir envisage d’acquérir la petite maison mais nous travaillons sur l’îlot dans son ensemble : l’ancienne boucherie et la maison. Le terrain derrière la maison nous permettrait de reconstruire des loge- ments pour répondre aux besoins de logements pour des personnes vieillissantes qui résident à Truttemer-leGrand afin de les maintenir en autonomie. Si on ne peut pas acheter cette maison, cela remet en cause notre projet » , explique Franck Lebouvier, directeur délégué de la Semivir. Des fonds Leader et de la Région peuvent être soulevés dans le cadre de la politique de rénovation des immeubles de la Reconstruction. « Ce serait vraiment dommage de ne pas acheter la maison, elle est abandonnée depuis des années, elle ne répond plus aux normes d’adaptabilité. Même pour les enfants de la propriétaire je trouve cela dommage de s’acquitter de taxes et de charges alors que personne ne vit dedans. Une estimation de la maison va être faite afin d’entrer en négociation. »