La Voix - Le Bocage

Anthony Poupard : la décentrali­sation dramatique coule dans ses veines !

- L’actualité d’Anthony Poupard. « J’ai bien fait ? » de Pauline Sales, mise en scène de l’auteure, avec Gauthier Baillot, Olivia Chatain, Anthony Poupard, Hélène

Anthony Poupard est comédien permanent du théâtre du Préau, Centre dramatique national de Vire. Après une belle tournée à travers la France, il a clôturé la saison théâtrale, mardi dernier, avec son spectacle Sur la page Wikipédia de Michel Drucker il est écrit que ce dernier est né un douze septembre à Vire. Entretien avec un « acteur décentralo ». réseau de l’éducation populaire. Un bel idéal humaniste. Une idée très culottée de promouvoir la culture pour tous, dans les endroits les plus reculés. Mettre enfin entre parenthèse­s ce parisianis­me à tous crins ! L’histoire continue…

À Vire, vous poussez très loin la décentrali­sation ?

C’est vrai, nous ne sommes pas si nombreux à pratiquer ce que l’on pourrait appeler la décentrali­sation de la décentrali­sation. J’aime d’ailleurs me définir comme un « acteur de la décentralo » ! Avec une exigence de maintien de la qualité quant aux projets présentés. La décentrali­sation n’est pas qu’une notion attachée au territoire. C’est aussi pratiquer du théâtre ailleurs que dans les théâtres. Du théâtre itinérant, pour aller à la rencontre du public. Donner une représenta­tion dans une cour, avec le soleil comme seul régisseur lumière, participe aussi de la décentrali­sation.

Pour aller à la rencontre du public, la communicat­ion ne doit-elle pas s’adapter ?

Certains modes de communicat­ion doivent être mis en oeuvre pour aller chercher un public qui ne franchirai­t pas spontanéme­nt les portes du théâtre. Un gros travail a été entrepris auprès des ados. C’est un âge où tout est encore possible. D’ailleurs, par la suite on les retrouve parmi le public d’adulte, ou dans des écoles d’art dramatique. C’est important que cela touche cette génération-là.

Le théâtre doit-il remplir une fonction sociale et éducative, comme le pensait Jean Vilar ? Ne lui en demande-t-on pas trop ?

Non, puisque c’est un rappel de sa mission première. Souvenez-vous du théâtre grec et de ses fonctions citoyennes. On peut avoir des moments de doute. Surtout dans la période actuelle. À quoi bon le théâtre ? Mais, en réalité, plus la situation est difficile plus le besoin se fait sentir de créer du lien social. J’y crois comme une nécessité, pas du tout utopique. Très concrète. Jean Vilar aurait, aujourd’hui, du pain sur la planche avec sa notion de théâtre service public. Poursuivon­s l’action !

Face à l’industrie culturelle, le théâtre ne paraît-il pas archaïque ?

Ce n’est pas le théâtre qui est archaïque, mais la façon dont il est pratiqué. Il est pourtant essentiel que des artistes vivent au coeur de la ville dans des théâtres. Il faut bien sûr être vigilant pour que les artistes ne prennent pas les clés des institutio­ns, en abusant des financemen­ts publics. Cela oblige à s’interroger sur la manière dont on travaille. Mais, le théâtre aura toujours une force que tous les autres arts n’auront pas. Cette capacité de rassembler autour d’un texte, des acteurs et un public. Cela procure une sensation unique !

Si l’État se retire au profit des collectivi­tés locales, n’est-ce pas une menace ?

C’est un danger. Il faut être vigilant. Surtout concernant les Centres dramatique­s. C’est tout de même un des rares bastions où le théâtre de création voit le jour. C’est un combat de tous les jours…

Newspapers in French

Newspapers from France