Frelons : les collectivités passent à l’offensive
Soutenir l’agriculture normande en proposant qualité et traçabilité au sein des établissements scolaires, reconnecter agriculture et restauration collective en favorisant l’approvisionnement local : tels sont les objectifs à atteindre aujourd’hui.
C’est un état de fait depuis quelques années déjà maintenant : il existe aujourd’hui dans notre société une dynamique qui pousse à penser différemment notre alimentation. Émergence de circuirts-courts, progression de la consommation de produits issus de l’agriculture biologique et/ou locaux en sont la preuve. Cette prise de conscience des consommateurs s’accompagne d’une exigence plus importante encore vis-à-vis de l’alimentation du jeune public. « Il n’existe aucune entrave juridique ou politique à l’intégration dans la restauration collective de production locale » , a souligné Edwige Darracq, sous-préfète de Vire, lors d’un colloque au lycée agricole de Vire le 21 juin dernier. Organisé par la sous-préfecture de Vire et coorganisé avec la Chambre d’Agriculture du Calvados et le lycée agricole, ce colloque sonne comme un encouragement de l’État dans l’approvisionnement local et un appui des collectivités à faciliter la diversification des débouchés.
Des dynamiques
Cette après- midi de rencontres entre les acteurs du monde agricole, de la restauration collective, des établissements scolaires, des élus, des représentants des services publics leur a permis d’échanger autour du potentiel de reconnexion de la production et de la consommation. Les différents témoignages apportés, et notamment ceux de Mickael Kerloc’h, chef cuisinier au lycée Marie Curie de Vire, ont confirmé les dires de la représentante de l’État : « A Curie, on fait goûter à l’aveugle les produits aux jeunes : un produit qui semble bon pour un ado n’est pas forcément le meilleur….Il faut leur expliquer tout ça. Les rognons de boeuf en sont l’exemple : nous en préparions 5 kg par midi, on a doublé les volumes aujourd’hui. Si c’est bien préparé, les jeunes sont prêts à goûter. Il faut être open, écouter ce qu’ils ont à nous dire, les associer aux choix des produits. »
Une éducation au goût
Le lycée Marie Curie met un point d’honneur à utiliser au maximum des produits de saison et locaux : « Toute notre viande est née, élevée, abat- tue, en Normandie. Nous faisons notre propre pâte à pizza, la farine vient d’un producteur local, etc. » , souligne Mickael Kerloc’h pour qui le produit idéal serait « bio et local. » Si l’éducation au goût est le fer de lance de l’établissement, « toucher les parents est plus difficile : il faut qu’on cible les ados, ce sont les futurs parents de demain. Nous avons des retours positifs des élèves : ils vont s’y faire ! » À Saint-Jean-le-Blanc, petit village où les agriculteurs bios sont légion, les écoliers consomment 80 % à 90 % de produits locaux dont 70 % de produits bios !
Un réel enjeu territorial
« La restauration collective représente un réel enjeu territorial : sur le plan économique puisqu’elle constitue un levier puissant pour valoriser les produits locaux, faciliter le développement de la filière, maintenir de l’emploi et contribuer à l’attractivité du territoire ; et également sur un plan sociétal en contribuant à l’éducation et à la sensibilisation des jeunes publics et de leurs parents » , a souligné Edwige Darracq qui souhaite penser globalement l’économie du territoire. Des chargés de mission sont d’ailleurs à la disposition des collectivités pour les accompagner dans leurs projets. Différentes pistes ont été soulevées afin de développer encore davantage des outils permettant de s’approvisionner localement et d’accompagner la mutualisation des pratiques et la complémentarité des circuits courts. L’ouverture des cantines aux parents a ainsi été évoquée ainsi que la création d’un site internet regroupant toutes les ressources locales. « Nous devons travailler sur la connaissance mutuelle avec des rencontres entre les chefs des restaurants collectifs et les producteurs ainsi qu’entre les acheteurs publics entre eux » , a déclaré la sous-préfète qui encourage les agriculteurs à « s’organiser et se regrouper ». « L’agriculteur n’est plus seulement producteur mais est aussi à la manoeuvre pour la commercialisation de son produit » , a-t-elle ajouté.
Axes de travail