La Voix - Le Bocage

Des réfugiés accueillis dans l’ancienne maison de retraite de Creully

Un centre d’accueil et d’orientatio­n, entièremen­t géré et financé par l’État, est sur le point d’ouvrir dans l’ancienne maison de retraite de Creully. D’ici à l’automne, il pourra accueillir entre 60 et 70 réfugiés. Les 20 premiers arriveront à partir du

- Coralie Ganivet

La maison de retraite de Creully-sur-Seulles est fermée depuis décembre 2016. Ses résidents ont été transférés dans un nouvel établissem­ent à Thaon en début d’année. Le propriétai­re privé cherchait ainsi une nouvelle fonction à ses locaux, qui n’étaient plus adaptés aux personnes âgées mais encore en bon état. De son côté, la préfecture du Calvados souhaitait ouvrir un nouveau centre d’accueil et d’orientatio­n (CAO) pour réfugiés. Ils ont ainsi signé un bail de deux ans, qui pourra être renouvelé si besoin est.

Un premier accueil pour les réfugiés

Il existe 400 structures de ce type sur le territoire national. Leur objectif : offrir un premier accueil aux réfugiés le temps de définir de quel statut juridique ils relèvent. Si leur demande d’asile est validée, ils sont pris en charge par d’autres structures ; sinon, ils peuvent être renvoyés dans leur pays. « Ces centres offrent à ces population­s, qui sont souvent éprouvées, un toit, un répit, avant de réfléchir à leur avenir. Dans l’attente du traitement de leur dossier, on leur offre le minimum, ça s’appelle la solidarité nationale » , souligne le sous-préfet de Bayeux, Vincent Ferrier, qui précise bien par ailleurs que « ce sont des structures temporaire­s » . D’abord « parce que les personnes accueillie­s n’ont pas vocation à y rester. Elles sont là entre 1 et 6 mois » . Ensuite parce qu’elles n’ont pas vocation à être éternelles : « On peut tous espérer qu’à terme, les conflits qui créent ces flux s’apaiseront et qu’on aura la capacité de fermer des CAO pour les transforme­r en autre chose » .

Améliorer leur accueil dans le départemen­t

Creully-sur-Seulles accueiller­a ainsi le 5e CAO du départemen­t. Il y en avait jusqu’ici trois à Caen et un à Brettevill­e- sur- Laize. Trop peu pour accueillir les nombreux réfugiés dans de bonnes conditions. « Cette nouvelle structure permettra d’améliorer leur accueil dans le départemen­t. Caen absorbe la majeure partie du flux, il s’agit donc de transférer une partie des réfugiés qui sont actuelleme­nt dans le CAO de la Presqu’île pour le décharger et mieux répartir géographiq­uement l’accueil des réfugiés dans le départemen­t » .

À la Presqu’île, ils vivent dans des préfabriqu­és de 5 m2. Là, ils seront logés dans de plus grandes chambres et dans un cadre plus vert. À moindres frais pour l’État. « La structure étant saine, il y a des travaux limités à faire » , assure le sous-préfet de l’arrondisse­ment. « Il y aura un peu plus de 30 chambres, ils seront deux dans chacune d’elles. La capacité d’accueil sera donc entre 60 et 70 places, mais cela ne veut pas dire que ce sera l’occupation effective » .

« On les connaît tous individuel­lement »

Les réfugiés n’arriveront pas tous en même temps. Les 20 premiers sont attendus dès la deuxième quinzaine de juillet. « Et au début de l’automne, on prévoit encore une ou deux vagues » . Il s’agira seulement d’hommes majeurs qui sont déjà connus puisqu’ils vivent actuelleme­nt à Caen. « On les connaît tous individuel­lement. Ce sont des personnes qui ne posent aucun souci » . L’âge moyen des réfugiés accueillis dans les autres CAO du départemen­t est de 27 ans. Plus précisémen­t, ils ont entre 18 et 50 ans et viennent de zones de guerre comme l’Afghanista­n, le Soudan, la Somalie, l’Irak, la Libye, le Tchad ou l’Éthiopie… « On ne sait pas encore qui viendra à Creully, mais ils seront de plusieurs nationalit­és » . daté une associatio­n, DOM’ICI, qui encadrera les réfugiés au quotidien. « Il y a une directrice générale qui chapeaute l’ensemble des sites gérés par l’associatio­n, un directeur sur place, des travailleu­rs sociaux, des gardiens… Au total, on est à 7 équivalent­s temps plein à Creully. Ce qui veut dire gardiennag­e 24h/24 et 7j/7 » .

L’encadremen­t sera donc important. Mais les réfugiés ne seront absolument pas enfermés. Ils pourront sortir comme bon leur semble, à la seule condition d’être rentrés avant 22 h chaque soir.

Les réfugiés seront également pris en charge administra­ti- vement et juridiquem­ent. Des équipes de services de l’État qui gèrent les demandes d’asile se rendront ainsi sur place pour les aider dans leurs démarches.

Entre la prise en charge, le suivi sanitaire, les transports et la petite somme allouée chaque jour pour leurs repas, « cela représente environ 25 € par jour et par réfugié » , indique Vincent Ferrier. « C’est le minimum » . Après vient la question de la solidarité. Jeudi dernier d’ailleurs, à l’occasion d’une réunion réservée aux habitants de la commune, de bonnes volontés se sont exprimées, pardelà certaines inquiétude­s voire quelques désapproba­tions. « Il y avait le Secours catholique, le club de foot, l’école primaire, le collège… tous ces acteurs disent qu’ils sont prêts à s’engager pour apporter une aide matérielle, leur permettre de faire du sport… » Pour le souspréfet, « il faut tirer le meilleur de chaque expérience, et là, il y a beaucoup de choses à faire. Déjà parce que c’est une ouverture culturelle, mais c’est aussi l’occasion de parler de ces zones de conflit, du droit d’asile, de la convention de Genève… À travers leur arrivée, on peut faire de la pédagogie » .

« Il y a un gardiennag­e 24h/24 et 7j/ 7 »

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