La Voix - Le Bocage

URBANISME. La « Suédoise » vouée à la destructio­n

- Emile S. FOUDA

« On ne connaissai­t que deux exemplaire­s de ce modèle en Normandie, peut-être même en France. Inconcevab­le qu’ici, le maire ait décidé de la démolir pour construire, à la place, deux immeubles de logements. »

D’autres solutions étaient envisageab­les

Et quid du « symbole historique ? » s’est étonnée cette habitante de la commune de 2.000 habitants, à quelques kilomètres au sud de Caen. Ce symbole historique dont parle la citoyenne est une maison suédoise, offerte par une société suédoise, appelée UDDEHOLM, pour venir en aide à la population de May-sur-Orne, après les bombardeme­nts de 1944.

Un projet d’immeubles à la place

La commune, sinistrée comme la plupart des territoire­s de la Plaine de Caen, fut libérée le 8 août 1948 par les Canadiens. « Cette maison, aujourd’hui propriété de la commune en est un symbole auquel nous sommes atta- chés » . Un symbole de solidarité, une illustrati­on de la guerre et ses conséquenc­es sur les population­s, précise ce parent d’élève qui pense, « qu’elle aurait pu servir à abriter les plus démunis, ou à l’accueil des associatio­ns du village… » « Le 8 août, poursuit-elle, on célèbre la libération de la commune et en même temps, on détruit l’un des monuments de cette libération même si la maison suédoise a été apportée plusieurs années après. D’autres solutions étaient envisageab­les » . Quelques citoyens évoquent des « relations difficiles avec le maire, qui ne répond pas aux questions posées, ou qui répond sans donner les informatio­ns demandées. Nous savons par exemple qu’il y a un projet d’immeubles, parce que nous avons fait une recherche internet sur un site relatif aux marchés d’appels d’offres »

Pourquoi la commune a-t-elle choisi cette solution, si elle souhaitait répondre au besoin de logements sociaux dans la commune ? Le réseau des amis des maisons suédoises du Calvados se met à l’oeuvre pour « éviter le pire » , affirme l’un de ses membres.

« Dans le secteur d’Évrecy, poursuit- il, il y a une seule maison suédoise similaire à celle de May- sur- Orne. Celle d’Évrecy a été attribuée comme dommages de guerres à une famille qui l’occupe toujours. Comme à Caen, ces maisons font oeuvre de témoignage d’une époque dont on doit se souvenir pour nos enfants » .

La maison de May-sur-Orne est implantée dans une propriété de 1.000 m2 environ. En façade, une cour bitumée de 300 mètres carrés et à l’arrière, un jardin mal ou pas entretenu, seraient des espaces dédiés à la constructi­on des deux immeubles par un Office départemen­tal de constructi­on de logements sociaux.

Ce que n’a pas pu confirmer le maire, de la commune, M. Desflaches, n’ayant pu être joint.

400 Suédoises dans le Calvados

L’histoire des « maisons suédoises » est ancrée dans les mé- moires des Normands depuis la Libération. Ainsi que le raconte Carol Pitrou, l’une de ses ferventes avocates, dans un livre « 1948-1998 - Les Suédoises du Calvados ont 50 ans » , Les Suédoises du Calvados, ce sont les quatre crèches, quatre cents maisons et un temple en bois offerts par la Suède au lendemain de la seconde guerre mondiale à 10 communes du Calvados. Les premières maisons arrivèrent dans le port de Caen en juillet 1946. Don de la Suède à l’Etat français, elles furent d’abord gérées par l’Office Public Départemen­tal d’Habitation­s à Bon Marché du Calvados, puis par l’Office d’HLM et enfin par l’OPAC, devenu en 2009 Calvados Habitat. D’autres maisons, à l’instar de celles de May-surOrne et d’Evrecy avaient transité par la société UDDEHOLM.

Sollicité à diverses reprises, mais en vain, le maire de la commune n’a pas pu répondre à nos questions relatives à la nature exacte du projet. A suivre donc!

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L’histoire des « maisons suédoises » est ancrée dans les mémoires des Normands depuis la Libération.

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