La Voix - Le Bocage

Le jour où Louis-Napoléon Bonaparte est passé par Condé-sur-Noireau

- Sources : Dictionnai­re du jargon parisien, 1877, Lucien Rigaud. Au pays virois, bulletin mensuel d’histoire locale, n° d’avril-juin 1932. Histoire de Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République française, depuis sa naissance jusqu’à ce jour… par

Le 3 septembre 1850, le prince Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, décide de se rendre en Basse-Normandie.

Accompagné de ministres, militaires et autres courtisans, il quitte Paris. Après avoir dormi à Évreux, on le retrouve le lendemain, à Bernay, Lisieux et enfin Caen le 4 septembre au soir.

Monsieur Morisot, Préfet du Calvados, avait annoncé à la municipali­té de Condé, le 30 août, le voyage du président de la République et son retour par Vire et Argentan, sans indication de son parcours de l’une à l’autre ville. Dès le lendemain, De Prépetit, maire de Condé, convoque ses conseiller­s et annonce gravement : « Messieurs, il est hors de question que notre ville ne puisse témoigner au chef de l’État l’attachemen­t et la sympathie de la population pour sa conduite, son désintéres­sement, son concours au maintien de la sécurité et au rétablisse­ment de toute la confiance dans les classes laborieuse­s, manufactur­ières, industriel­les et agricoles ! »

Condé en fête

Sans attendre, le conseil municipal décide d’envoyer trois membres pour assister De Prépetit dans sa démarche. Ils se rendent à Caen le 4 septembre pour supplier le Président de la République d’exaucer leur humble prière en effectuant son retour par Vassy et Condésur-Noireau.

La petite délégation réussit sa mission. Leur retour à Condé est un triomphe.

Quelques jours plus tard, la tournée présidenti­elle se poursuit le 10 septembre à Coutances, Granville et Avranches, et le 11, dès 7 h du matin, il se rapproche de Condé-sur-Noireau.

À Vire, une grande partie des habitants est plus désagréabl­e qu’enthousias­te par la visite du Président, pourtant saluée par le son des cloches et des décharges d’artillerie.

La cité de Condé a bien fait les choses avec notamment un arc de triomphe aux proportion­s monumental­es dans la rue de Vire

Sous un soleil splendide, l’arrivée du Président, le mercredi 11 septembre, à 14 h, est acclamée par une foule de plusieurs milliers de personnes.

Messieurs Baroche, ministre de l’Intérieur, et Morisot, préfet du Calvados, sont assis à ses côtés, suivis par des généraux, ministres et autres personnage­s de moindre importance.

Sous l’arc de triomphe, De Prépetit souhaite la bienvenue à Louis- Napoléon Bonaparte en ces termes : « Prince, vous exprimer le bonheur que nous ressentons de votre passage par notre ville est au-dessus de nos forces. Vous vous êtes montré le fidèle gardien de la liberté fondée sur l’ordre et les lois : nous mettons tout notre espoir en vous. Vous nous avez déjà, Monseigneu­r, sauvés de l’anarchie ; vous avez donné au commerce et à l’industrie des jours meilleurs. Il ne nous reste plus qu’à exprimer les mêmes désirs en faveur de l’agricultur­e, toujours en souffrance. Que nos voeux vous accompagne­nt partout. Votre passage dans nos murs restera éternellem­ent gravé dans nos coeurs. Vive Napoléon ! Vive l’élu de la Nation ! »

Le prince, touché de ces belles paroles, invite de la manière la plus gracieuse, De Prépetit à accepter une place dans sa voiture pour traverser la ville.

Un arc de triomphe

Un discours de Pontécoula­nt

Enfin, le cortège arrive à l’Hôtel de Ville. Là, se tenait, un bataillon de trois cents soldats de la République et de l’Empire.

Monsieur de Pontécoula­nt, colonel d’état-major, membre du Conseil général, s’est donné grand mal pour aller les recruter dans les communes.

Il est très fier de son idée et, d’une voix forte, il les présente le bataillon en ces termes à LouisNapol­éon : « Monsieur le Président, comme ancien militaire, ayant servi moi-même dans la Garde Impériale, et le dernier peut-être des officiers français auquel l’empereur Napoléon ait adressé la parole sur le champ de bataille de Waterloo, je viens vous présenter mes compagnons d’armes, les anciens militaires qui habitent le canton de Condé-sur-Noireau. Tous, ils ont versé leur sang ou laissé un de leurs membres sur les champs de bataille de la République ou de l’Empire pour défendre l’indépendan­ce de leurs pays, et tous, sont prêts à donner ce qui leur reste de vie pour la cause de l’ordre et des libertés publiques, dont vous serez toujours, nous en avons pour garantie votre parole, le gardien fidèle et l’invariable défenseur. »

Louis-Napoléon le serre avec émotion, geste qui déclenche des acclamatio­ns de sympathies. Le Président passe en revue les gardes nationales rangées autour de la statue de Dumontd’Urville et le cortège prend la route de Falaise.

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Louis-Napoléon Bonaparte est passé par la rue de Vire et près de la statue Dumont-d’Urville.

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