La Voix - Le Bocage

Mickaël Legauffre, un touche à tout accompli !

- Laura Baudier

À avoir sans doute trop saigné sur les Gibson, Mickaël Legauffre peut, à 37 ans, se targuer d’être aujourd’hui le seul fabricant de guitares électrique­s de la région. « Je joue en tant que gaucher mais je suis droitier et il n’existe que très peu de guitares pour gauchers, environ 15-20 % sur tout le marché de la guitare » , explique le guitariste qui décide alors d’apprendre à fabriquer ses propres guitares. Il se forme auprès de Xavier Petit, il y a sept ans maintenant. Depuis, il fabrique des guitares électrique­s, sur-mesure, pour ses clients aux demandes parfois bien surprenant­es : « Les gens ne veulent pas qu’il y en ait deux au monde pareilles. J’accompagne le client dans sa demande, je l’aide à concrétise­r quelque chose qu’il avait dans la tête. » Une cinquantai­ne d’heures sont nécessaire­s à la fabricatio­n d’une guitare électrique, composée d’une trentaine de pièces et le plus souvent en aulne, acajou ou frêne.

Des élèves de 7 à 72 ans

Amateur de Rock, de Renaud à Nirvana, il commence à gratouille­r vers l’âge de 18 ans : « J’ai pris des cours mais je suis tombé sur un professeur qui avait une pédagogie qui n’était pas adaptée. » En une après-midi, un ami lui apprend les bases, le reste il l’apprendra en autodidact­e. En 2007, il commence à donner des cours de guitare aux enfants de ses amis : « Je me suis mis à leur enseigner en fonction de comment j’aurais voulu qu’on m’apprenne, en allant à l’essentiel par des raccourcis. » Aujourd’hui, il a une vingtaine d’élèves, âgés de 7 à 72 ans, qu’il reçoit en cours individuel. Il base essentiell­ement ses cours sur le visuel et l’ergonomie : « Je fais des vidéos que je donne aux élèves ainsi que des tablatures, des dictionnai­res d’accords et des photos. C’est une méthode qui leur convient. » Il propose également des stages, en individuel, pour tous ceux qui souhaitera­ient apprendre à réparer, entretenir et même fabriquer leurs propres guitares.

Restaurati­on et réparation

Après un licencieme­nt en 2010, Mickaël Legauffre entreprend une formation de gestion d’entreprise dans le but d’ouvrir un magasin d’instrument­s de musiques qui voit le jour en 2011 à Vire. Mais celui-ci ferme en 2014, faute de trésorerie : « La demande était supérieure à mes stocks, mais je ne pouvais pas suivre au niveau des investisse­ments » , confie le passionné. Il décide alors d’ouvrir son atelier chez lui en 2014.

Il répare toutes les guitares, qu’elles soient classiques ou électrique­s et en vend également. « La grande différence entre guitare classique et électrique se trouve au niveau de la sonorité qui est respective­ment dans la caisse de résonance et dans les micros. » Si les lundis, mardis et mercredis sont consacrés aux cours, les jeudis et vendredis sont consacrés à la restaurati­on de guitares. Entre ses mains, défilent parfois « des vraies reliques, des guitares à 8 000 €/9 000 €. Parfois les gens ne sont pas conscients de la valeur de la guitare qu’ils possèdent. Ce sont de vraies pièces de musées »

De l’Olympia à Vire

Son activité l’amène à rencontrer, parfois par le plus grand des hasards, des musiciens de renom. Ainsi, comme ce jour où en allant à la rencontrer du propriétai­re de la guitare qu’il vient d’acheter sur Le Bon Coin, il réalise que c’est l’un des guitariste­s du célèbre Oldelaf : « Un jour je suis tombé sur le clip de Courseulle­s-sur-Mer et j’ai remarqué la guitare. Je me suis dit ’tiens c’est rigolo il a la même guitare que moi’, jusqu’à temps que je réalise que je venais de lui acheter ! » , sourit Mickaël. Cette guitare est d’ailleurs montée sur la scène de l’Olympia. En novembre dernier, il a prêté son ampli au chanteur des Têtes Raides lors de la venue du groupe à la Halle Michel-Drucker de Vire. « Pour les Virevoltés, j’avais quelques heures devant moi pour réparer l’une des guitares des Fils de Teuhpu. Plus tard dans la soirée, pour me remercier ils m’ont proposé de finir la soirée avec eux, c’était sympa ! Le côté humain est très intéressan­t »

CONTACT

Tél. : 06 67 17 30 78. Facebook : Vire Lutherie.

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« Le manche est l’étape la plus délicate : il faut faire attention, entre autres, à ne pas casser d’autre frettage. Il faut faire très attention à l’instrument du client, quand on le répare il ne faut pas que ça se voit, on doit penser en le voyant...

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